Glyphosate, Bayer commercialisera un herbicide « complément » d’ici 2030
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Suite aux déclarations de Bill Anderson, PDG de Bayer, sur la recherche d’un nouvel herbicide amené à s’ajouter au glyphosate, Rachel Rama, responsable pour le groupe agrochimique, précise les modalités de conception et d’action de cette nouvelle substance, décrite comme « la première innovation révolutionnaire depuis trente ans ».
« Ce ne sera pas un substitut au glyphosate, mais un complément ». Les mots de Rachel Rama, responsable de recherche en protection des plantes pour Bayer, ont d’autant plus d’importance qu’ils ont trait à un herbicide pour le moins contesté. Ils interviennent quelques jours après l’annonce faite par Bill Anderson, PDG du groupe agrochimique allemand, de l’expérimentation d’une « nouvelle substance sur de vraies plantes » dans un entretien publié le 9 mars 2024 dans le journal allemand Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung. Une découverte que le dirigeant décrit, à cette occasion, comme « la première innovation révolutionnaire depuis trente ans ».
Le premier résultat d’une stratégie basée sur l’IA
« Ce sera un nouveau levier majeur pour gérer les adventices et les couverts », rapporte Rachel Rama, rappelant que, dans cette optique, « le glyphosate restera une solution combinable ». Si peu d’informations techniques sont encore connues sur cette substance inédite, sa particularité est d’être la première issue de la stratégie d’innovation CropKey (littéralement « Verrou/Clé ») menée par la firme. Celle-ci s’appuie sur les ressorts de l'intelligence artificielle et du machine learning pour mieux comprendre le fonctionnement des organismes vivants. « Nous pouvons ainsi identifier de nouvelles protéines cibles uniques sur les ravageurs, qu’il s’agisse de mauvaises herbes, d’insectes ou de maladies, souligne Rachel Rama, par ailleurs chargée de ce nouveau programme à l’échelle mondiale. Cela nous donne de nouvelles cibles, donc de nouveaux modes d’action. »
Une AMM en France prévue pour 2030
Car pour chaque « verrou » agronomique, Bayer tente de trouver la « clé » correspondante. « Nous pouvons concevoir une molécule sur mesure, grâce à la modélisation informatique, avec des caractéristiques de production et des facteurs de durabilité, comme la dégradabilité de la molécule dans le sol », appuie Rachel Rama, insistant sur le « profil de sécurité humaine et environnementale très favorable, à ce stade de développement avancé » de ce nouveau désherbant. Son déploiement n’est toutefois pas à prévoir avant plusieurs années : « Une autorisation de mise sur le marché (AMM) pourrait être envisageable en 2030 pour la France. »