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Interdiction des néonicotinoïdes : « mettre en musique l’existant », Jacques Mathieu, Arvalis

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Référence environnement : Comment un institut technique comme Arvalis fait-il face à un changement réglementaire tel que l’interdiction des néonicotinoïdes ?

Jacques Mathieu : Il est de notre responsabilité de se projeter sur ce type de décisions en amont, dès qu’elles se dessinent, afin de ne pas être pris de court le cas échéant. Nous sommes d’ailleurs parfois sollicités par les instances officielles elles-mêmes quand de telles décisions sont étudiées. Ça a été le cas pour les néonicotinoïdes*.

R.E. : Concrètement, quelles conséquences pour l’action d’Arvalis ?

J.M. : Cet automne, nos communications prendront en compte cette réalité. Il y a aussi une réflexion, dès aujourd’hui, pour lancer rapidement de nouveaux programmes d’expérimentations liées à cette décision. Mais attention, en tant qu’institut, nous ne déposons pas d’AMM pour de nouveaux produits : nos solutions iront vers une mise en musique pertinente de l’ensemble des outils existants, chimiques, mécaniques, de surveillance et d’aide à la décision, et liés aux itinéraires et à l’agronomie.

R.E. : Quelle place peut prendre le biocontrôle ?

J.M. : Il y a des pistes réellement intéressantes, et porteuses, notamment les stimulateurs de défenses naturelles contre les maladies. Mais il faut être réaliste : ces techniques sont complexes à déployer en grandes cultures et la gamme reste assez pauvre aujourd’hui. Le biocontrôle est une solution intéressante, qui va trouver sa place progressivement, en complément des autres méthodes.

R.E. : Quelles grandes cultures sont le plus exposées par l’interdiction des néonicotinoïdes ? Peut-on déjà anticiper des dérogations entre 2018 et 2020 ?

J.M. : Les cultures les plus marquées par cette mesure sont clairement le maïs et l’orge. Dans la phase de lobby qui a précédé le vote, l’accent a été mis sur la création d’une impasse face à la jaunisse nanisante de l’orge (JNO), à juste titre.

Il est impossible de savoir quelles seront les dérogations accordées, mais il est sûr qu’en termes d’efficacité, de simplicité, il n’y a pas de solution équivalente aux néonicotinoïdes. Et ce ne sera toujours pas le cas ni en 2018, ni en 2020.

* Dans une note prenant pour exemple le cas des viroses des céréales, Arvalis avait conclu à l’absence d’alternatives équivalentes à court termes. A consulter ici : http://www.arvalis-infos.fr/view-21800-arvarticle.html ?region=