Le CGAAER plaide pour un meilleur accompagnement des agriculteurs sur les agroéquipements
Le | Agrofournisseurs
Levier essentiel de la transition agroécologique, le secteur des agroéquipements manque de structuration et de dialogue entre ses acteurs. C’est le constat tiré par un rapport du CGAAER, diffusé le 13 septembre. Ses auteurs plaident pour une réappropriation du caractère stratégique du secteur, et de la mise en œuvre d’un vrai conseil auprès des agriculteurs.
Revalorisation de la prime à la conversion spécifique, ouverture d’un troisième guichet à l’automne sur le sujet dans le cadre du Plan protéines… les agroéquipement ont bien été identifiés par le Gouvernement comme un levier de déploiement de l’agroécologie. L’intérêt des agriculteurs s’est par ailleurs bien fait sentir, comme en témoigne le succès des mesures dédiées dans le Plan de relance. Néanmoins, selon un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) , publié le 13 septembre, la filière manque de structuration. Le constat dressé est assez mitigé : si la mécanisation a permis d’accroître la productivité et la performance des exploitations, les charges liées sont en constante augmentation. Elles représentent actuellement entre 30 et 50 % des charges totales d’une ferme, alors même que le revenu moyen agricole flanche, et que les agriculteurs « peinent à établir un rapport de force » face à un marché très concentré. « Il n’existe aujourd’hui que très peu d’outils d’aide à la décision pour aider les agriculteurs à raisonner leurs investissements et ce alors même que le pilotage de ce poste de dépense est déterminant dans les résultats des exploitations », souligne le rapport.
Le conseil sur les agroéquipements insuffisant
Fort de ce constat, les auteurs du rapport recommandent de développer le conseil en matière d’agroéquipements afin de « faciliter et objectiver la prise de décision des agriculteurs ». Le CGAAER note en effet que les organisations encadrant le développement agricole, hormis les Cuma, « se sont dessaisies progressivement des compétences consacrées au machinisme », et ne conseillent plus les exploitants sur ce sujet. L’absence d’outils de conseil lors des décisions d’achat d’agroéquipement est ainsi listé comme une faiblesse dans le cadre du pilotage de la charge de la mécanisation des exploitations : « Il y a un besoin d’harmonisation et d’enrichissement de ces données. » Ce conseil pourrait, selon le rapport, prendre la forme d’un « module emboîtable dans un conseil stratégique global ».
Créer un comité de filière
Le document insiste par ailleurs sur le rôle central des agroéquipements dans la transformation de l’agriculture. Dans ce cadre, les auteurs du rapport plaident pour la création d’un comité de filière, afin que les acteurs du secteur construisent une stratégie partagée, au service de la transformation de l’agriculture. Celle-ci permettrait de répondre au besoin de formation et à la montée en compétences nécessaire pour maîtriser les nombreuses innovations arrivant sur le marché. « La mission a constaté lors de ses auditions une absence de lieu d’échange et de discussions regroupant l’ensemble des acteurs de cette filière, des industriels aux clients utilisateurs. (…) Les données existantes devraient être regroupées au sein d’un observatoire ouvert à tous. Cette stratégie doit aussi prendre en compte et accélérer le développement des innovations présentes dans les secteurs du numérique, de la robotique et de l’intelligence artificielle. »
Accompagner la réduction de l’utilisation des intrants
Globalement, le rapport appelle à un réinvestissement du sujet de la mécanisation. « Ce n’est plus seulement la puissance des outils ou les débits de chantier qui apparaissent déterminants au regard des besoins à satisfaire, mais bien une demande de précision, d’autonomie, de fiabilité et de prise en compte de la diversité des systèmes et des modes de production. La réduction de la dépendance de notre agriculture aux produits phytosanitaires illustre à elle seule ce besoin de faire évoluer les agroéquipements pour mettre au point de nouvelles techniques culturales. » Le rapport souligne enfin l’importance, pour accompagner ces évolutions, d’élaborer une feuille de route interministérielle, afin de mettre en cohérence les différentes politiques de l’État.