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Sortie du glyphosate en vigne et arbo, le machinisme a besoin de cinq ans

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Les entreprises de l’agroéquipement ne sont pas prêtes pour apporter des alternatives à la sortie du glyphosate en viticulture et arboriculture. Réorganisation des sociétés, recrutement de personnels, création d’un label, formation des agriculteurs, etc : Axema publie des propositions pour accélérer la transition dans une étude diffusée le 15 juillet.

Sortie du glyphosate en vigne et arbo, le machinisme a besoin de cinq ans
Sortie du glyphosate en vigne et arbo, le machinisme a besoin de cinq ans

Les sociétés du secteur des agroéquipements ne sont pas encore prêtes pour répondre à l’après-glyphosate dans les filières viticoles et arboricoles. Tel est le principal message d’une étude d’Axema, l’association française des acteurs industriels de la filière des agroéquipements et de l’agroenvironnement, publiée le 15 juin et commandée par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, Anses, et le ministère de l’Agriculture. Elle s’est fondée sur les rapports de l’Institut national de la recherche en agronomie et environnement (Inrae) et sur les réponses de 69 sociétés spécialisées sur le secteur, interrogées de mars à mai 2020.  « Un travail similaire va démarrer à l’automne sur les grandes cultures », indique Alain Savary, directeur d’Axema, contacté par Référence agro.

Si l’arrêt de la molécule pourrait pourtant soutenir le développement de nouveaux équipements, une transition de cinq ans est nécessaire pour permettre aux industriels et aux agriculteurs de s’organiser aux niveaux économique, technique et industriel, estime l’étude.

Une production saturée

La capacité de production des entreprises est à saturation, rendant impossible son augmentation dans les six mois.  Elle est actuellement estimée à 3 600 unités par an pour l’ensemble du marché pour un taux d’équipement en matériel de désherbage sous le rang de 10 %. « Même en multipliant la production par deux ou trois, il faudrait au moins cinq ans à partir de la date de suppression éventuelle du glyphosate pour équiper l’ensemble des exploitations viticoles et arboricoles françaises, au nombre de 50 000 », insiste Frédéric Martin, président d’Axema.

Manque de personnel compétent

Deux freins principaux empêchent également un changement d’échelle plus rapidement : le manque de fonds propres des sociétés et les difficultés de recrutement de personnel pour la production et la vente. « Les entreprises sont confrontées à une pénurie de compétences, notamment au niveau des ouvriers qualifiés et des métiers techniques », précise Axema.

En parallèle, les viticulteurs et arboriculteurs ont besoin de temps pour adapter leurs pratiques et leur modèle économique. Ils ont besoin d’être formés aux nouvelles techniques et équipements de désherbage, d’être conseillés dans leur choix d’équipements et rassurés sur la qualité et l’efficience des outils, via des dispositifs tels que des guides, des labels, etc. Axema révèle également une inquiétude sur la capacité financière des exploitants à pouvoir investir dans ces outils, dont les prix varient en moyenne entre 2 000 et 10 000 euros

Emploi agro-responsable et label

Axema identifie quatre leviers principaux pour accompagner de manière efficiente la sortie du glyphosate :

  1. Accompagner le tissu industriel national face au défi de l’augmentation des capacités de production et de diffusion. Les entreprises devront nouer des partenariats industriels pour développer la production via une sous-traitance en France ou à l’étranger, s’adosser à un groupe industriel plus puissant, ou se regrouper par fusions-acquisitions.
  2. Encourager l’attractivité de la filière pour stimuler les embauches d’emplois qualifiés. Axema propose un statut d’embauche aidée « Emploi agro-éco responsable » pour toute augmentation nette d’effectif sur les périmètres R&D, production, formation et mise en marché.
  3. Créer un label d’efficacité « Performance Technique » pour tous ces équipements alternatifs.
  4. Accompagner et former les utilisateurs finaux. Le label d’efficacité doit s’accompagner d’un volet obligatoire de formation.