Le drone en agriculture, un marché prêt à décoller
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Après la cartographie, le semis de couverts végétaux, le largage de trichogrammes ou la pulvérisation dans les vignobles en pente, les drones sont actuellement testés pour déposer des phéromones à la cime des arbres fruitiers. Même si les usages se multiplient, en pratique, ce marché reste confidentiel. Patrice Rosier, co-gérant d’Agrodrone.fr nous en dit plus.
« Depuis la fin de l’année 2021, nous avons engagé un programme de R&D, sur 3 ans, financé par la Nouvelle Aquitaine pour utiliser les drones dans la pose, à la cime des arbres, d’anneaux microperforés diffuseurs de phéromones », explique Patrice Rosier, le gérant de la société Agrodrone (1). Ce projet est mené en partenariat avec le centre de recherche Invenio. Aujourd’hui, cette technique de lutte contre les ravageurs existe déjà mais se fait manuellement, par des personnes installées sur des plateformes à 15 m de haut. « Le débit de chantier est lent et assez dangereux, poursuit-il. Le recours aux drones efface ces deux contraintes. Les essais visent à caler la cadence pour préciser le débit de chantier. Mais le potentiel est immense. Les tests actuels le sont sur le noyer et le châtaigner pour lutter contre la mouche et sur le pin, pour maîtriser la chenille processionnaire. Cette pratique pourrait, à terme, être déclinée sur le palmier ou l’olivier. »
Un semis de couverts dans du maïs de 2 m de haut
En grandes cultures, le recours aux drones pour semer des couverts végétaux a montré son efficacité. « Et pourtant, cette pratique reste assez confidentielle, admet Patrice Rosier. En cause ? Un problème de notoriété et de connaissance des potentialités de l’outil, tant chez les agriculteurs qu’au niveau des techniciens de coopératives et négoces. C’est vrai que nous devons encore affiner les préconisations : sur quel couvert, à quelle date, dans quelles conditions climatiques cela fonctionne-t-il le mieux… À l’été 2021, nous avons par exemple testé, en Bretagne, le semis sous couvert dans un maïs qui faisait deux mètres de haut ! Une pratique peu courante qui a donné de très bons résultats dès les premiers essais avec Ovalie Innovations, filiale de Maïsadour et Vivadour. Mais entre un semis de mi-juillet ou de mi-août, nous avons noté des différences. C’est tout ce protocole qui mérite d’être précisé, affiné et diffusé. »
300 € de l’heure en moyenne pour une prestation d’Agrodrone
L’usage du drone en agriculture reste un marché jeune, qui ne demande qu’à grandir. « Nous avons récemment été interrogé par le ministère de l’Agriculture, précise-t-il. L’acquisition d’un tel matériel pourrait peut-être à terme faire partie de plans, comme le plan de relance par exemple. Car il est vrai que le prix peut rester un frein. Nous, nous proposons aussi bien la vente de drones, la formation pour apprendre à s’en servir, que la prestation, à l’heure. En moyenne, compter 300 € de l’heure, sachant que sur ce créneau, il est possible de semer, via 5 vols, jusqu’à 18 ha de couverts : quel que soit l’état du terrain ! »
(1) Agrodrone, créée en 2014 compte 10 personnes.