« Les bonnes pratiques de pulvérisation permettent des économies substantielles de phyto », Laurent de Buyer, DG d’Axema
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Comment les équipementiers appréhendent-ils l’enjeu de la réduction des usages de produits phytosanitaires ? Interrogé par Référence agro, le DG du syndicat français des acteurs industriels de la filière des agroéquipements et de l’agroenvironnement, Axema, explique ses réflexions, et les pistes d’action explorées par le secteur.
Depuis un an, Laurent de Buyer est directeur général du syndicat français des acteurs industriels de la filière des agroéquipements et de l’agroenvironnement, Axema, au sein duquel il a occupé le poste de président du groupe Protection des cultures entre 2013 et 2018. Il a notamment impulsé l’intégration de l’association au Contrat de solutions en 2017. Axema a ainsi participé activement avec Inrae et l’Institut de la vigne et du vin (IFV) aux tests de pulvérisateurs effectués dans ce cadre. « La réduction des usages de produits phytosanitaires est un enjeu auquel je suis sensible », résume-t-il.
Axema est attentif au futur règlement SUR
De par cette sensibilité, il porte une attention particulière au futur règlement SUR, actuellement en gestation. Axema participe aux concertations menées depuis plus d’un an par le ministère de l’Agriculture. Laurent de Buyer estime que l’enjeu phytosanitaire est globalement bien intégré au sein des filières agricoles, « sans doute plus qu’au niveau du consommateur, qui ne me semble pas avoir en tête les conséquences pour lui, au moment de choisir un produit ». Selon lui, SUR doit davantage prendre en compte cette dimension.
Une marge de progression avec le parc matériel actuel
Comment Axema peut-il agir, de son côté ? « Nous partageons notre veille sur les discussions en cours pour le futur règlement européen avec nos adhérents, nous les aidons à adapter leur communication et à accompagner les agriculteurs vers les bons outils et les bonnes pratiques », répond Laurent de Buyer. Ces dernières constituent un axe de progression majeur, à l’entendre. « Il y a quelques années, les constructeurs estimaient qu’une économie de 30 % des produits épandus était possible, sans changer le parc matériel, juste avec davantage de conseil et de formation pour aider les agriculteurs à optimiser leur pulvérisation, rappelle-t-il. Une partie du chemin a sans doute été accomplie depuis, mais le taux de défaut constaté lors des contrôles de pulvérisateurs reste toujours trop élevé et peut encore s’améliorer. »
En la matière, SUR suggère de rendre ces contrôles obligatoires tous les trois ans, au lieu de cinq ans, puis trois ans aujourd’hui, ce que Laurent de Buyer estime plutôt positif. Mais la réglementation ne fait pas tout. « Il existe déjà des initiatives positives, sur lesquelles il faut capitaliser, juge-t-il. Du bon sens à partager dans les réseaux professionnels, comme le propose le Contrat de solutions. »
L’innovation, un apport réel mais pas (encore) généralisable
Et les nouvelles technologies ? « Elles apportent une contribution réelle, affirme Laurent de Buyer. Des expérimentations menées par Arvalis établissent que la détection des adventices couplées à la pulvérisation localisée permet de 60 à 85 % de réduction des volumes appliqués. L’ensemble des constructeurs sont sur ce créneau, ce qui permet de réduire progressivement les prix, toutefois le matériel de pointe n’a pas vocation à atterrir dans toutes les cours de fermes à court terme, tous les agriculteurs ne sont pas dans une démarche de changement de leur équipement. »
Et si les appels à manifestations d’intérêts finançant les investissements dans les équipements sont nombreux, ils n’ont pas tous l’enjeu phyto comme seul objectif. En tant que directeur général d’Axema, dont le champ d’action est plus vaste que la seule pulvérisation, Laurent de Buyer rappelle que « les attentes liées au machinisme portent aussi sur l’outillage météo, la connaissance du sol et un travail moins invasif de celui-ci, le semis de précision, la fertilisation… Focaliser uniquement sur les phytosanitaires n’est pas une bonne solution non plus : c’est une partie seulement de la transition. »