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Pour les multiplicateurs de semences de maïs, il est urgent de « solder la campagne 2022 avant tout »

Le | Agrofournisseurs

Le 23 novembre se tenait à Pau l’assemblée générale de la FNPSMS. Dans la salle, les agriculteurs-multiplicateurs ont insisté sur l’urgence de revaloriser les contrats : pour la campagne à venir bien sûr mais avant tout pour celle qui vient de s’achever. L’enjeu est de taille : pérenniser la filière. Pour la fédération, la solution doit être collective. Mais déjà, le prix des semences est attendu en hausse pour les semis 2023.

Pour les multiplicateurs de semences de maïs, il est urgent de « solder la campagne 2022 avant tout »
Pour les multiplicateurs de semences de maïs, il est urgent de « solder la campagne 2022 avant tout »

700 participants. Un record pour l’assemblée générale de la FNPSMS, la Fédération nationale des producteurs de semences de maïs et sorgho, qui s’est tenue le 23 novembre à Pau. « Cela montre les inquiétudes suite à cette campagne atypique et les enjeux à relever pour l’ensemble de la filière », introduisait Xavier Thévenot, le président de la section maïs et sorgho de l’UFS qui, à l’issue de la journée, a cédé la présidence à Séverine Jeanneau de Corteva. Il faut reconnaître que l’année 2022 restera, de part ses nombreux aléas climatiques, dans les annales. « Le bilan est lourd, rappelle-t-il. À peine 70 % des objectifs de production ont été atteints en France. Nous devrions aboutir à un niveau de stock fin juin 2023 entre 20 et 22 % des utilisations avec, à la clé, des tensions possibles sur certaines précocités ou variétés. »

Une revalorisation des contrats jugée indispensable

Au-delà de ces chiffres, c’est la rentabilité même de la production de semences de maïs au sein des exploitations qui a été pointée par les agriculteurs-multiplicateurs. Selon eux, cette année, le compte n’y est pas. Entre colère et inquiétude, ils ont évoqué des contraintes de plus en plus fortes autour de cette production : hausse des coûts de production, concurrence du maïs conso, pression sur l’irrigation, moins de solutions phytos pour préserver le potentiel, rendement de référence en hausse… « Près d’un agriculteur-multiplicateur sur trois se pose la question de réduire ses surfaces, confiait Benoît Laborde, président de l’AGPM maïs semences. Jamais, depuis 15 ans, nous n’avons eu une telle défiance vis-à-vis de cette production. Les surfaces de multiplication de maïs pourraient, en 2023, baisser de 10 à 15 %, pronostique-t-il. Pour préparer sereinement la campagne à venir, il devient urgent de solder rapidement la campagne 2022, avec une revalorisation des contrats à la hauteur des attentes. »

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Pour les multiplicateurs de semences de maïs, il est urgent de « solder la campagne 2022 avant tout » - © D.R.
Pour les multiplicateurs de semences de maïs, il est urgent de « solder la campagne 2022 avant tout » - © D.R.

« La valeur de la semence doit rémunérer chaque maillon de la filière, a rappelé Xavier Thévenot, président de la section maïs et sorgho de l’UFS. Or aujourd’hui, ce n’est pas le cas. »[/caption]

La répartition de la valeur, de nouveau en question

Pierre Pagès, le président de la FNPSMS, a voulu rassurer les congressistes en leur rappelant que l’interprofession œuvrait déjà pour répondre à cette question. « Nous devons trouver des solutions, collectivement, pour assurer la pérennité de cette filière, complétait Xavier Thévenot. À situation exceptionnelle, nous devons effectivement mettre en place des solutions exceptionnelles. » La question de la répartition de la valeur est, une nouvelle fois, apparue comme l’un des éléments de crispation. Les représentants de la FNPSMS sont d’ailleurs allés, ces derniers mois, rencontrer les distributeurs pour parler de ce sujet. Le message est passé : reste à voir s’il se traduira pas des actions concrètes. « La valeur de la semence doit rémunérer chaque maillon de la filière, a rappelé Xavier Thévenot. Or aujourd’hui, ce n’est pas le cas. »

Hausse possible du prix des semences entre 20 et 30 €/ha

Une chose est sûre, le prix de la semence de maïs devrait augmenter dès la prochaine campagne. À Pau, une fourchette de 20 à 30 €/ha a été évoquée. Mais sur le terrain, tous les distributeurs ne semblent pas prêts à faire passer cette hausse, notamment dans les zones d’élevage. Dans les couloirs, certains rappellent que, eux aussi, ont subi une envolée des charges et que des systèmes assurantiels existent aussi pour les agriculteurs. Le problème ne semble donc pas être si facile à régler. Pourtant, il devient urgent de mobiliser les ressources nécessaires pour trouver un compromis : « pour sécuriser le réseau et assurer aussi la valeur de la balance commerciale de l’activité semences à l’export (1,059 Md€) », insistait Xavier Thévenot. Autant d’objectifs inscrits également dans le plan triennal de la fédération pour 2022-2024. L’enjeu de cette journée était d’apaiser les tensions du terrain, de rassurer, pour que la confiance revienne. « Il en va de l’avenir de la filière », résumait-il.