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Semences de maïs, des pistes d’actions pour mieux partager la valeur ajoutée

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Semenciers et producteurs de semences de maïs rencontrent depuis le mois de juin la distribution, qui capterait, selon eux, une part grandissante de la valeur ajoutée de la filière. Objectif : établir un dialogue constructif et engager des actions concrètes. Explications avec Xavier Thévenot, président de la section maïs et sorgho de l’Union française des semenciers, UFS.

Semences de maïs, des pistes d’actions pour mieux partager la valeur ajoutée
Semences de maïs, des pistes d’actions pour mieux partager la valeur ajoutée

Depuis le mois de juin, la filière semences de maïs rencontre les distributeurs. « Nous avons programmé une vingtaine de rendez-vous d’ici à l’automne, dans les différentes zones de production, avec à chaque fois, la présence d’un semencier, d’un producteur de semences et d’un distributeur ou d’une centrale d’achat, explique Xavier Thévenot, président de la section maïs et sorgho de l’Union française des semenciers, UFS. » Objectif : sensibiliser à la répartition de la valeur ajoutée dans la filière et dégager des pistes d’action pour rétablir l’équilibre économique.

« L’amont bénéficie moins des retombées économiques »

Une enquête a été réalisée en 2021 par la Fédération nationale des producteurs de semences de maïs et de sorgho, FNPSMS, pilotée par Semae, sur la répartition de la valeur dans la filière semences de maïs sur les années 2019 et 2020. « Les enquêtes de répartition de la valeur ne peuvent pas être conduites sur les années récentes afin de ne pas influencer le marché », précise-t-il.

Quoi qu’il en soit la filière dresse un constat net : « Depuis dix ans, de plus en plus de valeur ajoutée est captée par l’aval, et l’amont bénéficie de moins en moins des retombées économiques des ventes de semences », insiste Xavier Thévenot.

Établir un dialogue constructif

Si l’étude a été finalisée à l’automne, les chiffres sont gardés secrets. « Même lorsque nous rencontrons les distributeurs, nous ne leur communiquons pas les données de notre étude, livre-t-il. Nous savons que la situation économique des distributeurs n’est pas florissante et l’idée n’est pas de dire qu’ils ruinent les producteurs de semences !  Nous avons longuement travaillé sur les messages avant de les rencontrer. Nous voulons qu’ils prennent conscience de la situation, pour établir un dialogue constructif et bâtir des stratégies à moyen et long termes. »

Augmenter les prix et réduire les gammes

Quelles sont les pistes d’action ? La plus économique est bien sûr d’augmenter les prix de la semence au stade agriculteur, pour mieux répercuter les coûts existants dans la filière. « Par ailleurs, il faudrait réduire le nombre de variétés utilisées en France, ajoute Xavier Thévenot. Plus de 1000 variétés sont actuellement produites et certains distributeurs en proposent près de 400 dans leur catalogue !  » Autre levier : limiter le retour des invendus, qui sont actuellement presque tous repris par les semenciers, alors même que certaines semences ne sont plus viables. « Les prix des semences en France sont moins élevés que dans d’autres pays européens, qui ont également moins de variétés et qui limitent les retours », ajoute le président de la section maïs et sorgho de l’UFS.

Un marché très compétitif au niveau de la distribution

Les échanges ne sont toutefois pas si simples. « Les semences de maïs sont le deuxième marché des intrants après les fongicides céréales, explique-t-il. Il est très compétitif, notamment sur le fourrage, avec une forte concurrence entre distributeurs. Difficile alors de parler d’augmentation des prix ou de réduction de gammes. »

Les distributeurs impliqués dans la production de semences sont bien sûrs davantage sensibilisés. « Nous avons perdu 1000 producteurs de semences de maïs en cinq ans, alerte Xavier Thévenot. 3000 exercent encore. La production de semences n’est pas sanctuarisée en France et le risque que la production parte ailleurs plane. » Cette année, les emblavements de production de semences sont en baisse de 5 %, à 83 000 hectares. « De plus, la vague de chaleur s’est produite en pleine floraison du maïs, ajoute-t-il. Ce qui pourrait avoir un impact non négligeable sur les rendements. »