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Les projets de décarbonation de l’industrie se poursuivent

Le | Agrofournisseurs

Six mois après le lancement, par Emmanuel Macron, de la consultation des dirigeants des sites les plus polluants du pays, Référence agro a voulu savoir où en était la feuille de route des entreprises concernées. Producteurs d’engrais et acteurs de l’agro-alimentaire comptent notamment sur les énergies alternatives aux fossiles, la séquestration du carbone et l’hydrogène vert pour atteindre les objectifs fixés.

Les projets de décarbonation de l’industrie se poursuivent
Les projets de décarbonation de l’industrie se poursuivent

En novembre 2022, Emmanuel Macron recevait à l’Elysée les 27 dirigeants des 50 sites industriels les plus polluants de France. Outre les cimentiers, aciéries et acteurs de la chimie, le monde agro-alimentaire était représenté par Yara, Boréalis, Lhoist, Cristal Union, Tereos et Roquette, qui cumulent en tout neuf sites sur les 50. Le secteur industriel représente 20 % des émissions de gaz à effet de serre de la France, et les 50 sites ciblés pèsent pour 11 % des émissions totales du pays. Le président de la République avait alors donné six mois aux entreprises pour définir une feuille de route décarbonation, permettant de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.

Utiliser moins d’énergies fossiles via l’électrification et la biomasse

Nicolas Broutin, président de Yara France, confie à Référence agro : « Dans le cas de notre usine du Havre, pour laquelle nous comptons passer de 800 000 t de CO2 émis à 400 000 t, nous avons présenté notre feuille de route : électrification du site, projet de capture et stockage du carbone, en partenariat avec d’autres industriels tels qu’Air Liquide et Total Energie, et remplacement du gaz naturel par de l’ammoniac vert. » La société a notamment présenté les technologies et les investissements nécessaires ainsi que les coûts opérationnels, dont elle ne souhaite pas révéler les montants.

Les dirigeants des industries françaises s’étaient entendus sur quatre axes permettant la décarbonation : l’électrification des usines, le recours à la biomasse en remplacement des énergies fossiles, le développement du CCS (Carbon Capture & Storage), la capture et le stockage géologique du carbone, et le déploiement de l’hydrogène vert. Le 5 avril, les dirigeants industriels se sont retrouvés au ministère de l’Industrie pour présenter l’avancée de leurs feuilles de route.

Trois zones prioritaires définies par les autorités pour la décarbonation

Le CCS induirait un surcoût de 50 %. Quant à l’hydrogène vert, issu de l’électrolyse et qui permettrait de décarboner la production d’engrais azotés, son surcoût dépend grandement de la capacité de mutualisation des outils. C’est d’ailleurs l’un des objectifs de cette planification collective, qui repose sur un volet technologique, afin de s’assurer que la France dispose des meilleurs outils, et un volet territorial. Trois zones prioritaires ont été identifiées : Dunkerque, le Havre/Rouen et Fos-sur-Mer. Les infrastructures seront prioritairement implantées dans ces zones, et mises à disposition des divers acteurs du territoire.

La prochaine étape consiste, pour les industriels, à chiffrer définitivement et à confirmer leurs plans d’investissements, et à lancer les plans de transformation, qui pourront s’étaler sur plusieurs années. Les pouvoirs publics pourront alors accorder des subventions aux divers acteurs. Le budget, tiré du plan France Relance, est de 5 Md€ d’aides directes et 610 M€ consacrés à l’innovation et au développement des technologies. Emmanuel Macron s’est engagé à doubler cette enveloppe si les entreprises apportent des garanties satisfaisantes de réduction des GES.

De nouveaux appels à projets industriels

Le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, et la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, ont profité de l’événement du 5 avril pour révéler les 56 lauréats de l’appel à projet « Industrie Zéro Fossile ». Lancé à la suite de la guerre en Ukraine, au printemps 2022, cet appel à projets vise le déploiement de projets permettant des réductions de gaz à effet de serre par la réduction du recours aux énergies fossiles. Un nouvel appel à projets, visant à réduire la consommation d’énergies fossiles dans l’industrie, et doté de 125 M€, a été lancé le 5 avril. Un dispositif dédié à la production de chaleur par biomasse, et un dispositif dédié aux très gros projets industriels seront lancés courant avril.