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Nicolas Broutin, Yara, « Emmanuel Macron demande de réduire les émissions de CO2 de 20 Mt d’ici à 2035 »

Le | Politique

Le 8 novembre, Emmanuel Macron a réuni à l’Élysée les dirigeants des 50 usines les plus émettrices de CO2 de France, dont certains fabricants d’engrais. L’objectif : définir une planification pour réduire de 25 % les émissions d’ici à 2030.

Nicolas Broutin, Yara, « Emmanuel Macron demande de réduire les émissions de CO2 de 20 Mt d’ici à 2035 »
Nicolas Broutin, Yara, « Emmanuel Macron demande de réduire les émissions de CO2 de 20 Mt d’ici à 2035 »

27 dirigeants français se sont réunis à l’Élysée le 8 novembre. Ils sont à la tête des 50 sites industriels les plus émetteurs de CO2 de France. Parmi eux, des cimentiers, des aciéries, des acteurs de la chimie et notamment des engrais, ainsi que des sucriers. Le monde agro-alimentaire était représenté par Yara, Boréalis, Lhoist, Cristal Union, Tereos et Roquette, qui cumulent en tout neuf sites sur les 50. L’objectif de cette rencontre : amorcer une ébauche de planification pour réduire fortement les émissions de ces sociétés.

Une enveloppe de 5 Mds€ qui pourrait doubler

Nicolas Broutin, président de Yara France, a confié à Référence agro : « Emmanuel Macron demande de réduire les émissions de CO2 de 10 Mt, soit 25 %, d’ici à 2030, et 10 Mt supplémentaires d’ici à 2035. » Les industriels vont désormais travailler durant six mois avec les autorités pour identifier des leviers d’action concrets. La mise en œuvre de ces actions devrait s’accompagner d’un soutien financier de l’État, les industriels ayant été invités à s’exprimer sur les points où ils estiment qu’une aide était nécessaire. Si pour le moment, la décarbonation des entreprises repose sur le plan FranceRelance, qui a fléché 5 Mds€ pour ce sujet, Emmanuel Macron a fait savoir que cette enveloppe pourrait doubler, si les entreprises sont capables de suivre la trajectoire de réduction de 20 Mt d’ici à 2035.

Développer les infrastructures pour l’hydrogène vert

Outre l’aspect financier, Yara, qui compte sur le déploiement de l’hydrogène vert pour baisser les émissions de sa production d’ammoniac de 30 % d’ici à 2030, a listé trois secteurs où le soutien des autorités est nécessaire : le déploiement de l’hydrogène vert, la captation et le stockage du CO2 et le développement de chaudières à biomasse. « Pour le déploiement de l’hydrogène vert, nous n’avons, aujourd’hui, pas ou peu d’hydrolyseurs, pointe Nicolas Broutin. Nous avons besoin que l’État nous fournisse de l’électricité décarbonée, en masse, et à un coût acceptable, et qu’il nous soutienne dans le développement des infrastructures. » En Norvège, la firme a obtenu une aide de l’État de 250 M€ pour le développement de l’hydrogène vert. Autre demande : en attendant la montée en puissance de l’hydrogène vert, Yara compte avancer sur l’hydrogène bleu : un hydrogène produit à partir de gaz naturel, mais dont le CO2 est capturé et stocké.

Capter et stocker, ou utiliser, le CO2

« Les capacités de stockage ne sont pas une limite, cependant, il faut capturer le CO2, ce qui n’est pas toujours possible, car les technologies diffèrent. Il faut aussi le liquéfier, ce qui a un coût. Enfin, le stockage a lui aussi un coût, car en Europe, il y a des plans de suivis assortis d’assurances que le CO2 reste à sa place. » D’après les chiffres de Yara, le coût de cette technologie est un peu moins du double de celui de l’ammoniac classique, dit ammoniac gris, tandis que le coût de l’ammoniac vert est trois fois plus élevé. Le CO2 peut également être utilisé pour produire du méthanol, voire trouver un usage plus inattendu : être injecté dans les boissons gazeuses par l’industrie de la boisson. Enfin, de nombreuses industries disposent de fours traditionnels, énergivores et émetteurs de CO2. Le développement des chaudières à biomasse pourrait réduire fortement ces émissions. Le président de la république a d’ailleurs fait savoir que les forêts françaises constituaient un atout pour le développement de cet axe.