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L’UFS s’inquiète de la production de semences en Ukraine

Le | Agrofournisseurs

Claude Tabel, le président de l’UFS, fait le point sur l’activité des entreprises semencières présentes en Ukraine, un peu plus d’un mois après le début de la guerre. La situation reste préoccupante pour les semences de base, destinées aux agriculteurs multiplicateurs. Cette pénurie à venir pose la question de la place de la France pour combler ce manque. L’UFS demande au gouvernement des directives claires, à l’heure où la production de semences en France connait des tensions.

L’UFS s’inquiète de la production de semences en Ukraine
L’UFS s’inquiète de la production de semences en Ukraine

Alors que l’acheminent des semences dans les exploitations reste compliqué en Ukraine, Claude Tabel, le président de l’UFS, l’Union française des semenciers, estimait, lors d’un point presse du 14 avril, que près de 60 % des graines de maïs sont désormais arrivées à destination. « Ce chiffre serait même de 90 % pour le tournesol, précise-t-il. Mais bien évidemment, la question centrale reste la faisabilité des semis. »

Inquiétude sur la production de semences en Ukraine

La situation reste également préoccupante pour les semences de base, destinées aux agriculteurs multiplicateurs. « À date, si 70 % des semences de base de maïs et 75 % de celles de tournesol ont pu être acheminées, rien ne garantit que les agriculteurs ukrainiens, confrontés aux problématiques de main d’œuvre et de carburant, seront en capacité de réaliser ces productions. Nous tablons sur un recul de près de 50 % des volumes en production de semences. » Pour des variétés aux caractéristiques bien spécifiques, produites pour le marché intérieur mais aussi pour l’export, des pénuries sont à prévoir sur certains créneaux de marché. La solution pourrait être de produire dans d’autres pays, mais où ? « En contre-saison, les volumes sont limités et le coût de la logistique, très important », appuie Claude Tabel.

En France, de plus en plus d’agriculteurs multiplicateurs se désengagent

En France, la production de semences est, depuis quelques mois, sous tension. En cause, l’envolée des marchés et les réticences, de plus en plus grandes, de certains agriculteurs à se tourner vers la multiplication de semences, beaucoup plus contraignante techniquement qu’une culture classique. « Pour les emblavements de ce printemps, nous constatons effectivement, au sein des exploitations, une concurrence entre les surfaces dédiées aux commodités et celles vouées à la production de semences  », confirme Claude Tabel. Et Didier Nury, vice-président de l’UFS d’ajouter : « Depuis trois ou quatre semaines, nous enregistrons un net recul des engagements de bon nombre d’agriculteurs multiplicateurs. Dans le Sud-Est, au 14 avril, la baisse des hectares dédiés à la production de semences pourrait atteindre 15 à 20 %. En tournesol, à l’échelle nationale, nos estimations de surface de multiplication avoisinent désormais 16 500 ha, contre 19 000 ha il y a encore quelques semaines ! Maïs et soja seraient également concernés. »

L’UFS demande un soutien des pouvoirs publics

Face à ce constat, l’UFS a déjà alerté le gouvernement. « S’il souhaite que nous augmentions les surfaces de production de semences de tournesol dans les années à venir pour sécuriser le marché, nous devons avoir l’assurance que tous les moyens réglementaires et économiques seront mis à notre disposition pour atteindre cet objectif, détaille Claude Tabel. Nous avons besoin de lignes directrices claires. »

 

Quelques repères chiffrés :

  • Pour les cultures de printemps, un tiers des semences utilisées par les agriculteurs ukrainiens sont importées et deux tiers, produites sur place.
  • L’Ukraine représente la deuxième destination à l’export, hors Union Européenne, des semences et plants français : soit un chiffre à l’export de 100 M€, comprenant semences de base et semences commerciales.
  • Pour les 15 entreprises membres de l’UFS présentes en Ukraine, l’activité dans ce pays pèse près de 400 M€ et emploie près de 1700 collaborateurs. Des activités réparties entre la recherche, la production et la distribution.
  • À ce jour, pour ces 15 entreprises, la perte de chiffre d’affaires est estimée à 20 %.