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Vertal obtient enfin le 1er CEPP biostimulant foliaire

Le | Agrofournisseurs

Essais pluriannuels au champ en respectant un protocole Inrae établi, analyses statistiques et économiques, recherche bibliographique… la construction d’une fiche-action CEPP exige un investissement conséquent en R&D et en temps. Le point avec Mathieu Limouzin, chef de marché chez Vertal, société qui vient d’obtenir le 1er CEPP biostimulant foliaire.

Vertal obtient enfin le 1er CEPP biostimulant foliaire
Vertal obtient enfin le 1er CEPP biostimulant foliaire

Le dépôt d’une fiche-action CEPP relèverait-il du parcours du combattant ? Un nombre croissant d’acteurs cherche à construire de telles fiches, mais l’appropriation du dispositif exige un certain temps. La société Vertal a déposé une fiche début janvier 2021 pour son biostimulant foliaire Vertal Grandes Cultures et vient d’obtenir la validation de la Commission d’évaluation dédiée. Mathieu Limouzin, chef de marché, nous explique les différentes étapes franchies.

“Nous avons commencé à nous mobiliser sur la construction d’une fiche-action CEPP sur les biostimulants il y a cinq ans, alors que seuls les produits de biocontrôle apparaissaient dans le dispositif, explique Mathieu Limouzin. Aucun protocole dédié aux biostimulants n’existait, nous nous sommes donc inspirés de celui utilisé pour le biocontrôle et l’avons présenté à la Commission d’évaluation des actions CEPP.”

Bien connaître son produit

“Obtenir une fiche CEPP est une démarche très différente de celle conduisant à l’obtention d’une AMM matières fertilisantes et supports de culture (MFSC)”, reprend Mathieu Limouzin. Car l’objectif est de prouver que le biostimulant permet de réduire l’usage de produits phytosanitaires de synthèse et d’établir combien de certificats peuvent être délivrés pour l’action.

Des essais en micro-parcelles sont alors mis en place durant trois ans, sur différents types de sols et par culture. Et ce, avec un protocole précis permettant de comparer une parcelle témoin avec trois autres : une première recevant le programme phytosanitaire usuel, une deuxième recevant le programme phytosanitaire à dose réduite, et une troisième sur laquelle sont appliqués le biostimulant et le programme phytosanitaire à dose réduite.

“La réduction de doses est libre, précise le responsable. D’où la nécessité de bien connaître son produit.” Vertal l’expérimente depuis quinze ans et a conduit annuellement, depuis cinq ans, sept essais pour tester différents programmes avec des molécules phytos de diverses familles.

Bibliographie, statistiques et économie

“La rédaction du dossier demande également du temps et de la précision, poursuit Mathieu Limouzin. Outre l’analyse statistique des résultats d’essais, nous devons appuyer tout ce que l’on écrit sur une bibliographie. Or la bibliographie relative aux biostimulants n’est pas encore très fournie…”

Enfin, la démonstration ne se limite pas à l’efficacité technique. Pour avoir davantage de certificats, la société doit prouver que l’action ne détériore pas la rentabilité économique à l’hectare.

“Les nouveaux dépositaires pourront gagner un peu de temps puisqu’avec la note méthodologique relative aux biostimulants que devrait bientôt publier la Commission d’évaluation des actions CEPP, ils sauront précisément comment construire leur dossier, conclut Mathieu Limouzin. Les essais et l’analyse des essais, quant à eux, resteront toujours longs à réaliser. Mais ils sont gages de sérieux et d’expertise agronomique : ils prouvent que nous pouvons réduire avec efficacité l’usage des produits phytosanitaires conventionnels. Et que les biostimulants représentent bien une voie d’avenir sérieuse et validée.”