Mobilisation générale pour contrer la hausse du prix de l’énergie
Le | Agrofournisseurs
Face à la hausse des prix de l’énergie, les ministères de la Transition écologique et de l’Industrie recevaient le 19 octobre les représentants de différents secteurs industriels français, et notamment les fabricants d’engrais. De son côté, la Commission européenne a proposé des outils, jugés insuffisants par les professionnels du secteur.
Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie ont réuni ce mardi 19 octobre les représentants des industries françaises pour évoquer la flambée du tarif du gaz et de l’électricité. Le prix de l’énergie augmente drastiquement : le gaz européen est aujourd’hui à 90 euros du MWh, et à 60 euros du MWh à terme pour l’année 2020, alors qu’il est habituellement compris entre 15 et 30 euros du MWh. « Les producteurs d’engrais sont dans le scope de la réflexion, a reconnu une source du ministère de la Transition écologique. Le ministère de l’Agriculture était présent ce matin, ainsi que les acteurs du monde des engrais. Les travaux sont en cours au niveau européen, c’est là qu’il y a le plus de leviers. »
La Commission européenne a dévoilé, mercredi 13 octobre, une boîte à outils pour faire face à la crise du prix des énergies. Le cadre juridique autorise les États membres à prendre des mesures immédiates pour limiter les conséquences pour les entreprises : aides publiques directes ou contrats d’achat à long terme. L’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) et la Commission de régulation de l’énergie (CRE, une autorité française), ont annoncé renforcer leur surveillance du marché de l’énergie. Des mesures jugées insuffisantes par Fertilizers Europe, le représentant européen des producteurs d’engrais.
Un besoin de mesures rapides et ciblées
« Les prix exceptionnellement élevés du gaz ont rendu la production d’engrais en Europe non rentable, entraînant d’importantes réductions temporaires et des fermetures d’usines dans toute l’Europe, a indiqué Jacob Hansen, directeur général de Fertilizers Europe, dans un communiqué. Si cette situation n’est pas traitée de toute urgence, il existe un risque réel que les fermetures temporaires deviennent définitives avec, à terme, la délocalisation de notre secteur en dehors de l’Europe. La boîte à outils du prix de l’énergie est en grande partie un recueil des options politiques existantes […]. Ce dont l’industrie européenne a besoin, c’est de mesures rapides et ciblées pour minimiser les effets de la crise. »
À l’occasion du conseil des ministres de l’Agriculture du 11 octobre, la Pologne a demandé à la Commission européenne de « stabiliser ou compenser temporairement les coûts élevés des engrais », « traiter d’urgence la question du soutien aux agriculteurs dans cette situation de crise » et « procéder à des solutions globales afin de garantir le maintien de la viabilité de la production végétale ». Julien Denormandie a apporté son soutien à cette demande.
Les mesures antidumping dans le viseur des acteurs agricoles
D’autres acteurs, comme l’AGPB et la Copa Cogeca demandent la levée de mesures antidumping mises en place par la Commission européenne depuis 2019. « Cette décision a entraîné un surcoût de 22,4 euros par tonne d’engrais depuis Trinidad, 27 euros par tonne depuis les États-Unis, et de 29 à 42 euros par tonne pour les producteurs russes. Or, en 2018, 70 % des approvisionnements français en solution azotée étaient importés en dehors de l’Union européenne », indique Eric Le Texier, responsable engrais pour Helm (voir notre mag en ligne dédié aux engrais).
Parmi les pistes globales évoquées pour soutenir le monde de l’industrie, les ministères ont dévoilé la création d’un groupe de travail visant à stabiliser les prix électriques. Les entreprises pourront bénéficier, dès le début de l’année 2022, de la baisse de taxe (TICFE) annoncée par Jean Castex, pour un montant de 200 millions d’euros. Le mécanisme de compensation des coûts indirects du carbone fait également partie des pistes relayées par les ministères : cette aide habituellement versée en année n+1 pourrait être partiellement versée dès 2022 au lieu de 2023 aux industriels les plus touchés.