Phytosanitaires aux Culturales, une approche de plus en plus intégrée
Le | Agrofournisseurs
Les Culturales 2019, salon des grandes cultures organisé par Arvalis-Institut du Végétal les 5 et 6 juin à Jaunay-Marigny, dans la Vienne, ont montré qu’en matière de protection des plantes, la tendance est plus que jamais à la combinaison de solutions. Les 21 sociétés phytosanitaires présentes sur l’événement exposaient leurs innovations, toutes orientées vers davantage d’agronomie, de biostimulation, de biocontrôle et de recours aux outils d’aide à la décision. Les produits de synthèse, quant à eux, montrent des profils toxicologiques et écotoxicologiques toujours plus propres, pression sociétale et gouvernementale oblige. La gestion des résistances, tant en herbicides qu’en fongicides, orientent également les programmes de protection des cultures.
Un raisonnement plus global
Les solutions intégrées étaient mises en avant sur les stands des sociétés offrant semences, biostimulants, produits phytosanitaires, spécialités de biocontrôle et de digital farming comme Bayer, BASF, Syngenta ou encore Corteva Agriscience, la division agriculture de DowDuPont qui réunit les forces de DuPont Pioneer, DuPont Crop Protection et Dow AgroSciences et qui est devenue indépendante le 1er juin 2019.
Les partenariats entre sociétés se multiplient. Pour exemple, celui conduit entre Corteva Agriscience et Monosem pour développer une solution innovante contre les taupins. Cette solution, qui a reçu le trophée d’argent des Culturales 2019, consiste, lors du semis, à utiliser l’insecticide de biocontrôle Success GR à base de spinosad et à installer de l’avoine comme plante appât.
Des OAD toujours plus nombreux
Afin d’optimiser les traitements, les sociétés développent de plus en plus d’outils d’aide à la décision (OAD). Syngenta mettait en avant un outil cartographique pour aider les agriculteurs à respecter de nouvelles conditions d’emploi d’herbicides, ainsi qu’un outil de pilotage de la protection fongicide. De même chez BASF, chez qui la gamme digital farming Xarvio et l’application de surveillance collaborative des cultures Companion étaient à l’honneur. Ce dernier a reçu le trophée de bronze des Culturales 2019. FMC présentait de son côté ses cinq applications Evalio, dont Evalio Insect Tracker, qui permet de rester alerté de l’évolution parasitaire des blés et colzas, et Evalio FlashFlore dédiée à l’identification des adventices.
Le biocontrôle gagne du terrain…
Les grandes cultures demeurent le parent pauvre du biocontrôle, mais des solutions commencent à émerger. Ces dernières étaient mises en avant aux Culturales. À l’image de DE SANGOSSE, qui présentait ses gammes combinant les biosolutions, que ce soit en végétation avec le biocontrôle ou au niveau du sol avec la biofertilisation.
Avec la future disparition de nombreuses triazoles et du chlorothalonil, les programmes fongicides intègrent de plus en plus de spécialités de biocontrôle à base de soufre. L’Heliosoufre S d’Action Pin, désormais autorisé contre la septoriose du blé, a protégé 250 000 ha en 2019. Philagro utilise désormais ce produit pour proposer son pack Perf’Win comme solution fongicide blé T1. Chez VIVAGRO, avec Flosul SC, le soufre est également utilisé pour lutter contre l’oïdium sur céréales. Pour les fongicides conventionnels, l’absence de classement toxicologique est un argument clé, comme c’est le cas de l’isopropanol-azole visant la lutte contre la septoriose du blé et dont l’homologation est espérée par BASF pour 2020.
Le biocontrôle arrive également sur maïs chez Philagro : pour lutter contre les lépidoptères, la société propose son insecticide DiPel DF, à base de Bacillus thuringiensis ssp. Kurstaki. La société attend cependant encore l’inclusion de la pyrale du maïs dans l’usage « chenilles phytophages ». Celle-ci est prévue prochainement, avec la révision du catalogue des usages.
Phyteurop mettait en avant sur son stand trichotopMax, une solution de biocontrôle à base de trichogrammes pour lutter contre la pyrale du maïs. Filiale d’InVivo, l’entreprise travaille pour la prochaine campagne avec Semences de France à une offre couplant le produit de biocontrôle à des semences, notamment pour le maïs fourrager, où la problématique pyrale est moins prise en compte par les agriculteurs, malgré les dégâts. Kreglinger présentait de son côté sa solution SilicoSec, à base de terre de Diatomées, pour protéger les céréales stockées ou traiter les locaux de stockage contre tous les insectes et acariens. Le produit devrait bientôt faire l’objet d’une fiche action CEPP.
…et de nombreuses solutions sont attendues
Enfin, les objectifs affichés par les sociétés en matière de développement de spécialités de biocontrôle sont prometteurs. UPL vise 25 % de chiffre d’affaires avec ces produits d’ici à cinq ans. Chez FMC, une personne dédiée s’attache depuis fin 2017 à développer une future gamme. GOWAN, qui a racheté en janvier 2019, la société colombienne Ecoflora Agro, mettra sur le marché, en 2023 ou 2024, plusieurs spécialités déjà commercialisées outre-Atlantique. Adama travaille également sur le développement de nouveaux produits de biocontrôle : insecticides, fongicides et nématicides. Pour ce dernier segment, une solution « originale » est attendue d’ici à trois ans.