Plan de souveraineté engrais : 16 propositions de l’Unifa transmises au cabinet d’Agnès Pannier-Runacher
Le | Agrofournisseurs
16 propositions émanant de l’Unifa ont été transmises la semaine passée au cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée au ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire dans le cadre du futur plan de souveraineté sur les engrais, annoncé par Marc Fesneau en mars 2024. Une rencontre est prévue dans les jours à venir.
« Nous avons intégré les attentes des producteurs d’engrais dans une liste de propositions pour renforcer notre capacité de production et nous permettre de nous adapter aux nouveaux enjeux », déclare Delphine Guey, présidente d’Unifa, à l’occasion de l’assemblée générale de l’Union des industries de la fertilisation, à Paris le 12 juin 2024. 16 propositions ont été transmises la semaine précédente à la ministre déléguée au ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire dans le cadre du futur plan de souveraineté sur les engrais, annoncé par Marc Fesneau en mars 2024.
Les propositions d’Unifa sont regroupées dans trois axes : « Les premières sont sur les objectifs de limiter notre dépendance à l’égard des importations, que l’on soit collectivement volontaristes pour pérenniser nos productions françaises et européennes. On parle de « souveraineté » et pas d'« autonomie » : il y a des produits de fertilisation que nous pouvons produire et sur lesquels nous pourrons être autonomes en France, mais nous avons également besoin de nutriments que nous ne pouvons pas trouver sur notre territoire. Un autre point est celui de l’énergie. Pouvoir disposer d’une énergie renouvelable et bas carbone est une réelle nécessité pour maintenir notre attractivité en France et en Europe. Dans les coûts de production de nos engrais, l’énergie représente entre 25 et 85-90 %. »
« Le deuxième axe consiste à sécuriser un environnement juridique. Nous avons besoin de visibilité et de sobriété en réglementation. Le choc de simplification, nous l’attendons car pour permettre à nos entreprises d’investir, nous avons besoin de connaître l’avenir de l’agriculture pour flécher nos investissements. Le troisième axe regroupe les propositions pour les moyens d’adaptation au changement climatique et aux nouvelles normes environnementales. La promotion des atouts de la fertilisation associée peut être un levier intéressant d’innovation, de mise en place de nouveaux programmes avec les organismes de recherche. »
750 000 tonnes d’engrais russes importées en France en 2023
Le sujet de la dépendance apparaît d’autant plus essentielle que, selon Jacques Fourmanoir, vice-président d’Unifa et directeur général Agrofourniture chez Timac Agro France, la quantité d’engrais russes importés en France s’élevait à 750 000 tonnes en 2023, contre 400 000 en 2021.
« Cela représente près de 10 % des engrais utilisés l’année dernière en France (6,5 millions de tonnes au total). C’est comme si, pendant un mois ou un mois et demi, vous ne mangiez que des produits dont la production aura été assurée par des engrais russes. Ce chiffre pourrait être majoré d’environ 300 000 tonnes en ajoutant les produits passés par d’autres pays (Belgique, Turquie), qui ne seraient pas directement identifiés d’origine russe », indique-t-il.
« Dès l’instant où nous ne savons pas où ces niveaux s’arrêteront, nous avons fait remonter au Gouvernement des propositions pour contraindre les importations de pays “inamicaux' tels que la Russie, et sensibiliser l’ensemble de la filière, y compris les distributeurs et les agriculteurs, à l’impact que le choix de ces produits pourraient avoir à long terme sur leur métier. Toutefois, si la contrainte à l’importation devait se traduire par des taxes, ce ne doit pas être aux agriculteurs de payer : il devra y avoir une réflexion pour qu’une éventuelle hausse de prix des produits d’importation de pays 'inamicaux” ne les pénalisent pas », déclare Jacques Fourmanoir.
« Nous sommes capables de produire des engrais en Europe »
Parmi les aspirations des propositions de l’Unifa, « la poursuite de l’accompagnement de l’industrie française et européenne, de façon à encourager la mise en place d’engrais technologiques, c’est-à-dire des produits fertilisants efficaces sur le plan agronomique, intelligents sur le plan environnemental ». « On voit bien que ces produits sont plus souvent le fruit d’innovations faites en France et en Europe que dans d’autres pays. Nous sommes capables de produire des engrais en Europe ou faire des importations d’autres pays. Avant que ces 750 000 tonnes d’engrais russes n’arrivent, le volume d’engrais utilisé en France était supérieur : il n’y a pas très longtemps, on était autour de 7,5 millions de tonnes », indique le vice-président d’Unifa.
La venue initialement prévue, puis annulée en raison des prochaines élections législatives, d’Agnès Pannier-Runacher lors de l’assemblée générale de l’Unifa aurait dû permettre à la ministre d’apporter de premières réponses à ces propositions. Selon nos informations, une réunion est prévue entre les représentants d’Unifa et le cabinet de la ministre déléguée le 19 juin prochain.