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Recruter ? Un impératif pour la filière semences

Le | Agrofournisseurs

Le 3 octobre, la filière semences et plants a fait le point sur ses difficultés de recrutement. Tous les métiers sont concernés avec le risque, à terme, de voir certaines activités reculer, à commencer par la production de semences. Les représentants de Semae, de l’UFS et de la Fnams ont listé quelques idées pour inverser la tendance. Les OS ont aussi un rôle à jouer.

Recruter ? Un impératif pour la filière semences
Recruter ? Un impératif pour la filière semences

Semae organisait, le 3 octobre, son premier atelier, dédié aux difficultés de recrutement au sein de la filière semences en plants. « L’idée est de programmer ce genre de rendez-vous une fois par trimestre », glissait en introduction Rosine Depoix, en charge de la communication. Pourquoi ce thème ? « Bien que notre filière soit dynamique, innovante et bien implantée au sein des territoires, nous avons des difficultés à recruter dans de nombreux métiers, explique Pierre Pagès, président de Semae. Attirer et fidéliser nos futurs salariés est un réel enjeu pour pérenniser nos activités et conserver ainsi notre première place sur le podium des exportateurs mondiaux de semences. »

Des postes variés aux compétences multiples

En France, la filière semences, c’est 17 000 emplois, majoritairement en zone rurale  : 52 % en production de semences, 27 % en recherche, 9 % en commerce, 9 % à l’administratif et 3 % au marketing et au développement. « Entre 10 et 20 % de ces emplois mériteraient d’être renforcés, confie Didier Nury, président de l’UFS, l’Union française des semenciers. Quel que soit le secteur, nous manquons de candidats pour les postes fixes et de main d’œuvre pour les activités plus saisonnières. Pourtant, nos métiers sont variés et demandent des compétences très diverses, parfois très pointues : du technicien à l’ingénieur, de la production à la recherche en passant par l’informatique, la maintenance, la vente en France et à l’étranger. »

Une méconnaissance de la filière

Comment expliquer ce manque d’attractivité ? Didier Nury cite « un manque de connaissance de nos métiers, un trop plein d’idées reçues, un problème de mobilité de certains candidats peu enclins à venir travailler en milieu rural, et des pics d’activité au cours de l’année qui en repoussent d’autres. Faute de main d’œuvre, certains agriculteurs multiplicateurs réduisent leur surfaces pour être sûrs de produire des semences de qualité sur les hectares conservés. De telles alternatives nous inquiètent. »

En 5 ans, 10 % d’agriculteurs multiplicateurs en moins

Anne Gayraud, directeur administratif et affaires syndicales à la Fnams, confirme qu’« en cinq ans, le nombre d’agriculteurs multiplicateurs a diminué de 10 %. Il est aujourd’hui de 17300. Certaines baisses sont conjoncturelles et liées notamment au prix proposé pour les autres cultures de l’assolement mais la tendance de fond est nette : le métier de multiplicateur, qui nécessite passion, expertise et technicité, séduit de moins en moins. Certains jeunes qui s’installent veulent une rentabilité immédiate et une moindre prise de risque. Nous devons l’entendre et accompagner au mieux, techniquement et économiquement, ceux qui souhaitent se lancer dans la production de semences. »

Des contrats pluriannuels à l’étude

Quelles solutions pour attirer des candidats ? « Mener des actions ciblées auprès des écoles, de l’Apecita, dans les salons, dans les forums métiers, auprès des collectivités, des régions… pour faire connaître la richesse de nos métiers et montrer qu’il y a de vraies belles opportunités de carrière. Nous devons montrer ce que nous sommes et ce que l’on fait », résume Pierre Pagès. Du côté de l’UFS, Didier Nury confie réfléchir « à la possible mise en place de contrats pluriannuels, pour rassurer. Cela fait partie des solutions étudiées mais cela semble plus compliqué pour certaines espèces. Nous cherchons aussi à établir des mécanismes d’amortisseur pour sécuriser la rémunération. L’enjeu est de conserver un réseau puissant de distribution. »

Les OS aussi ont un rôle à jouer

Luc Jacquet, agriculteur-multiplicateur de semences, explique que c’est grâce à son technicien de coop qu’il a découvert cette activité. « Seul, c’est difficile d’aller frapper à la porte d’un établissement semencier, surtout s’il n’est pas à proximité. Les OS ont, à mon sens, un rôle clé à jouer pour présenter le contrat de multiplication à leurs adhérents et les soutenir techniquement tout au long de l’itinéraire. »