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Rencontre avec Christophe Dequidt - « Mon tour du monde des moissons : une aventure humaine au goût de blé »

Le | Agrofournisseurs

Journaliste et responsable d'une agence de communication, Christophe Dequidt connait bien le monde agricole. En débutant un tour du monde des moissons de blé en novembre dernier, il souhaite, avec son épouse Sylvie, aller à la rencontre des agriculteurs des cinq continents. A mi-parcours de son périple et après avoir traversé l'Australie, l'Argentine, le Chili, le Brésil et l'Inde, la Turquie et le Maroc, il nous livre ses premières impressions.


Déjà sept pays découverts, encore une dizaine à venir (1), quelles sont vos premières impressions ?

Je ne pensais pas que ce projet serait à ce point marqué par la dimension humaine. Ces voyages, ce sont avant tout de belles rencontres. Les quatre points qui m'ont le plus marqué jusqu'à présent : l'impact du changement climatique qui, dans beaucoup de pays, est déjà visible via des sécheresses ou des inondations remarquables ; le blé est devenu, en Inde ou en Argentine par exemple, un réel outil politique, stratégique pour les gouvernements : le manque d'infrastructures logistiques (route, stockage) reste un frein à l'export dans certaines contrées. En Inde par exemple, 20 % des volumes collectés sont perdus, faute de stockage en qualité et en quantité suffisante. Dernier constat : la mondialisation est bien en marche. Aujourd'hui, tout est possible : les distances ne sont plus un frein.


Et la France dans tout cela ?

La découverte d'autres pays nous permet aussi d'avoir une vision claire de l'agriculture française. Malgré ses nombreuses réglementations, elle reste très dynamique, structurée, à taille humaine, performante avec des gens bien formés. En Inde, la taille moyenne d'une exploitation est de 1,16 ha. En Australie, ce chiffre passe à 3000 ha. La France est entre les deux ! Notre pays possède un climat extraordinaire, avec un accès à l'eau et des filières de production bien structurées. Il est souvent cité en exemple pour son système coopératif.


Quel fut le point de départ de ce projet ?

Un concours de circonstances qui nous a fait comprendre que c'était le bon moment. Nos trois enfants ont terminé leurs études et ont un travail, mon entreprise est désormais bien implantée et m'offre un espace de liberté et surtout, l'amour du voyage et de la rencontre. A l'heure où l'agriculture se joue de plus en plus à l'échelle mondiale, je souhaitais aller à la rencontre des agriculteurs, des industriels, des politiques… ceux qui « font » l'agriculture dans leur pays. Comment ils produisent ? En quoi le blé est une culture indispensable pour leur pays ? Quel est le rôle de l'Etat ? Quels sont les débouchés ? Sont-ils concurrents de la France ? Comment appréhendent-ils la mondialisation ?


Sur place, comment vous organisez-vous ?

Tous les rendez-vous sont planifiés à l'avance. Des entreprises françaises comme Limagrain, Soufflet, FLORIMOND DESPREZ, Roquette, France Export céréales, FranceAgrimer… m'ont ouvert leur carnet d'adresses à l'étranger. Un laisser passer, d'une richesse humaine et culturelle indescriptible. 40 % de notre temps est consacré aux rencontres avec les filières, 40 % aux visites de ferme… et les 20 % restant pour jouer les touristes et découvrir les sites incontournables de chaque pays.


Comment avez-vous tracé votre itinéraire ?

L'idée était d'aller rencontrer les cinq plus gros exportateurs de blés mondiaux, les cinq plus gros producteurs et des pays stratégiques pour le commerce français comme le Maroc, la Turquie et les pays de la mer Noire. Pour le timing, nous visitons les pays au moment des moissons de blé ce qui nous laisse trois à quatre créneaux dans l'année pour revenir en France. Ainsi, mon entreprise de communication continue de fonctionner même si je ne suis pas physiquement là tous les jours.


Et après ?

Au fil des mois, je réalise, pour chaque pays, des notes de synthèse. J'espère, à mon retour, publier un recueil de photos et rédiger « un rapport d'étonnement ». J'interviendrai également dans différentes conférences (Open Agrifood…) et lors d'AG de coopératives en fin d'année pour faire part de mon ressenti et peut-être faire germer de nouvelles idées.


(1)    A venir, l'Egypte, la Chine, les Etats-Unis, l'Ukraine, le Kazakhstan, la Russie, la Roumanie, le Canada et peut-être l'Iran.