Sival 2024, le marché des engrais en baisse, celui des biostimulants en hausse

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Thibaut Poisot, chef marché cultures spécialisées[/caption]

Thibaut Poisot, chef marché cultures spécialisées chez Compo

« Une année timide »

« Le marché s’est envolé en 2022 et les distributeurs ont eu peur de manquer de produits. En 2023, ils ont donc vécu sur leurs stocks et nous avons donc fait une année timide. Nous notons des baisses de 20 à 25 % en volume sur la fertilisation. Les problèmes de pénurie d’approvisionnement nous ont aussi touché.  Par le passé nous éditions deux à trois tarifs par an, en 2022 c’était un par semaine, avant de repasser à un par mois en 2023, avec des prix qui peinent à se stabiliser. C’est un peu tôt pour se prononcer sur des perspectives, mais le mois de janvier est très dynamique avec des commandes supérieures à nos objectifs, surtout en biostimulants, bien que la météo ne nous ait pas aidés. Nos clients commandent désormais une fois qu’ils ont la commande des agriculteurs. Ils sont plus prudents. »

Michaël Lepelley, directeur marketing et agronomie chez Yara France

« Des programmes pour soutenir l’agriculture régénératrice »

« Nous avons lancé notre nouvelle de gamme de biostimulants YaraAmplix lors du Sitevi et du Sival qui prend la suite de notre gamme de nutrition foliaire YaraVita. Elle comprend pour le moment trois produits ayant des autorisations de mise sur le marché et une solution avec une réglementation européenne. Nous avons des ambitions fortes en la matière, avec une nouvelle usine qui ouvrira ses portes près de Pocklington, dans le nord de l’Angleterre, fin 2025. Dans le cadre de ces solutions pour développer l’agriculture régénérative, nous lançons également une gamme nommée Yara Nature avec des engrais organiques et organo-minéraux pour les grandes cultures.

En vigne, nous travaillons des programmes de décarbonation des cultures dans l’objectif également de soutenir l’agriculture régénérative : les biostimulants font partie de cette ambition, tout comme l’usage d’engrais organique, d’engrais bas carbone et des outils d’aide à la décision innovants.

Côté marché des engrais, il y a des stocks chez les distributeurs. Or, l’inflation a augmenté le coût du stockage, qui devient un point de vigilance pour eux. Il est certain qu’ils vont être plus prudents dans leurs achats. L’année 2024 démarre doucement. Mais il est encore difficile de se prononcer sur les prochains achats et sur les semis qui vont remplacer ceux des blés qui n’ont pas pu être semés. »

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Pierre Yves Tourlière, responsable développement produits chez Timac Agro France[/caption]

Pierre Yves Tourlière, responsable développement produits chez Timac Agro France

« La campagne 2023 marquée par une demande en baisse sur les engrais »

« Nous n’avons pas de stand sur le Sival mais nous venons voir l’offre des entreprises dans notre secteur d’activité et celle-ci est particulièrement riche en biostimulants. Au niveau de la fertilisation, la campagne 2023 en cours est pour l’instant marquée par une baisse de la demande de 25 à 30 % sur les engrais. Le marché du phosphore a baissé de moitié sur les deux dernières campagnes, et le marché des ternaires NPK s’annonce délicat. Les agriculteurs ont tendance à sous fertiliser, et les distributeurs sont attentistes sur la prise de commande en engrais, espérant que les prix baissent. Dans ce contexte nous continuons à travailler sur l’efficience des intrants et à progresser sur le marché des biostimulants qui poursuit sa croissance. »

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Léa Gorses, ingénieur développement régional, et Gilles Nivelet, directeur marketing[/caption]

 Gilles Nivelet, directeur marketing chez Angibaud

« Les engrais reviennent à des prix plus compatibles avec les attentes du marché »

« Nous sortons d’une campagne 2023 morose, avec notamment beaucoup de stocks en distribution. Le marché est toujours attentiste et les perturbations climatiques sont venues couper son redémarrage. Nous évaluons la baisse d’activité en cultures spécialisées entre 20 et 30 % en 2023 selon les cultures et les régions. Il y a encore de la frilosité en ce début d’année, les aléas climatiques ralentissent l’activité. Aujourd’hui, les engrais reviennent à des niveaux de prix plus compatibles avec les attentes du marché, ceci devrait accompagner favorablement la reprise d’activité.

Les biostimulants sont en revanche plutôt dans le vert, avec une croissance estimée de 10 à 15 %. Les agriculteurs ont envie d’y aller. Nous le voyons au Sival, il y a beaucoup d’offres, le marché est dynamique et le sérieux des entreprises avec des produits réellement efficaces fait la différence chez les distributeurs. »

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Frédéric Caruso, directeur commercial, Eric Giovale, président d’OvinAlp, et Mathieu Giovale, directeur du développement[/caption]

Frédéric Giovale, président d’Ovinalp

« Un attentisme des distributeurs »

« Il y a un attentisme général des distributeurs, le marché est très complexe et a du mal à redémarrer. Nous avons commencé à sentir ce ralentissement après le printemps 2023. Suite à la forte période d’inflation et d’instabilité que nous venons de traverser - augmentation de l’énergie, conflits en Ukraine et Israël - et malgré des tarifs dans les engrais organiques et organo-minéraux mieux orientés que dans les minéraux grâce notamment à un sourcing national, les agriculteurs restent dans l’attente d’un réajustement des marchés. Le marché des organiques est donc plus calme que d’habitude à la même période, comme les autres marchés, mais redémarre petit à petit sur ce printemps. »