Vignoble bordelais : un plan pour accélérer la réduction des phytos
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En Aquitaine, un « Plan pour accélérer la réduction de l'usage des pesticides » a été lancé le 6 juin dans le cadre du Salon Tech & Bio, à Montagne (33). Pour le moment, ce plan concerne le vignoble bordelais. Suivront les autres vignobles aquitains et l'arboriculture régionale. Les cosignataires : la Région, l'interprofession, l'Etat et la Chambre d'agriculture de la Gironde. Le plan est articulé autour de quatre objectifs : observer les pratiques et l'exposition des populations aux pesticides ; encourager les bonnes pratiques ; financer l'innovation, notamment dans l'agro-équipement ; appuyer la recherche vers des solutions alternatives aux phytos. Certaines mesures proposées prolongent des actions déjà engagées, d'autres sont nouvelles.
Des témoins non traités dans les exploitations
Le lancement d'un appel à manifestation d'intérêt pour la mise au point du pulvérisateur de demain fait partie des mesures emblématiques annoncées par Alain Rousset, président de la Nouvelle-Aquitaine. « L'enjeu de cet appel à manifestation d'intérêt, qui sera rédigé pour l'automne, est de mettre au point un appareil intelligent, équipé de différents capteurs, qui puisse concilier les enjeux environnementaux et de santé tout en tenant compte des impératifs économiques des exploitations », précise Pierre Got, directeur général de la chambre d'Agriculture de la Gironde.
Parmi les mesures nouvelles, la création d'un observatoire global du vignoble (économique, phytosanitaire, environnemental, sanitaire et climatique) et celle d'un dispositif de phytopharmacovigilance pour enregistrer et analyser les accidents et les effets des pesticides sur la santé afin de les prendre en compte dans les procédures d'autorisation de mise sur le marché.
En outre, les signataires du plan demandent une révision des textes européens pour obtenir des LMR de pesticides dans les vins, et non pas seulement dans les raisins de cuve, comme actuellement. Ils souhaitent également généraliser l'installation de « Témoins non traités » (TNT) dans les exploitations, en tant qu'outil de sensibilisation à la réalité de la pression des maladies et d'aide au pilotage des traitements. Idéalement, il faudrait un TNT par commune, voire par exploitation.
Objectif : 100 % d'engagement dans une démarche environnementale
Autres idées nouvelles : l'accompagnement individualisé des viticulteurs qui exploitent des parcelles proches des zones sensibles, ou encore la mise en place d'un pilotage général des démarches collectives et individuelles telles que la Certification environnementale, la Haute valeur environnementale (HVE), Agri Confiance, Terra Vitis, le bio… pour faciliter les équivalences entre ces différentes démarches.
Preuve que la viticulture bordelaise n'a pas attendu ce plan pour se lancer, aujourd'hui 45 % de son vignoble est déjà engagé avec une de ces certifications. Un des objectifs du plan est d'atteindre 100 % d'engagement. Et son ambition est calquée sur celle du plan national Ecophyto II, à savoir réduire l'usage des pesticides de 25 % en 2020, et de 50 % en 2025. Quant au chiffrage financier global du plan, ses contours n'ont pas encore été précisés. La mise en œuvre peut néanmoins s'appuyer sur différents dispositifs nationaux ou régionaux déjà existants.
Photo : Les signataires du plan (gauche à droite) : Bernard Artigues, président de la chambre d'Agriculture de la Gironde, Pierre Dartout, préfet de Région, Bernard Farges, président du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux, et Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine.