Alimentation animale, baisse « historique » des volumes produits en France sur 2022 selon le Snia
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Avec 5,7 % de production en moins entre le premier semestre 2021 et le premier semestre 2022, le secteur de l’alimentation animale a présenté des chiffres préoccupants, lors de la conférence de rentrée sur Syndicat national des industriels de la nutrition animale, Snia. Pour autant, le secteur veut croire en l’avenir des élevages français, à condition d’activer les bons leviers.
Le contexte agricole morose n’épargne pas le secteur de l’alimentation animale. Les responsables du Syndicat national des industriels de la nutrition animale, Snia, l’ont souligné lors d’un point presse organisé le 31 août. Les causes s’additionnent : le Covid, le conflit en Ukraine et ses impacts sur les marchés des matières premières et de l’énergie, et enfin l’influenza aviaire. L’indicateur qui traduit le coût des matières premières utilisées par la filière a ainsi bondi de 80 % depuis janvier 2020. « Or, ces matières premières représentent 85 % du coût d’un aliment fini », pose le président du Snia, François Cholat.
Inquiétude autour des filières ruminants
Les chiffres du secteur révèlent un recul des volumes produits, déjà anticipé en avril : 5,7 % entre le premier semestre 2021 et le premier semestre 2022. « Soit 550 000 tonnes, ou l’équivalent de l’activité de quinze usines », déplore Ludovic Michel, vice-président du Snia. Le syndicat relève plusieurs sous-tendances. Pour la volaille, la baisse des volumes produits atteint 8,2 %, en raison notamment de la crise de l’influenza aviaire. Pour les ruminants (-4 %) et les porcs (-4,3 %), l’inquiétude est plus importante : « L’écart avec 2021 est moins conséquent, mais la dynamique est structurelle : elle tient à l’arrêt d’éleveurs qui ne sont pas remplacés », précise Ludovic Michel.
Dans ce cadre, les effets de la sécheresse estivale sont encore incertains, et seront plus ou moins forts selon les conditions de l’automne. « Nos produits sont des compléments à des rations constituées de fourrages, rappelle Patrick Pageard, trésorier du Snia. Si on part sur un hiver précoce, ces fourrages feront défaut. Les éleveurs devront se tourner vers nous ou, malheureusement pour certains, vers la cessation d’activité. » Malgré ces constats et perspectives inquiétants, le Snia ne veut pas tomber dans la sinistrose.
Des leviers de pérennisation bien identifiés
Ses dirigeants saluent, pour commencer, l'aide exceptionnelle de 489 M€ consentie par les pouvoirs publics face à la crise. « C’est une béquille précieuse, mais ponctuelle, prévient François Cholat, président du Snia. Il est impératif de prendre des mesures de plus long terme pour tirer l’ensemble des filières d’élevage vers le haut. La France garde toutes les cartes en main pour cela. » À condition d’investir à bon escient. Le Snia identifie plusieurs priorités d’un vaste plan national qu’elle appelle de ses vœux. Ludovic Michel insiste notamment sur :
- la relocalisation de certains ingrédients aujourd’hui importés (acides aminés, vitamines, oligo-éléments),
- la lutte contre les distorsions de concurrence au sein de l’UE,
- la réduction des coûts logistiques (notamment liés au transport en favorisant le rail, le fluvial, et des camions de plus gros volumes),
- ou encore une meilleure valorisation des produits issus des filières d’élevage.
« L’alimentation animale reste un débouché solide pour les OS »
L’approvisionnement des entreprises adhérentes du Snia se joue à 75 % en France. Si les statistiques ne permettent pas de donner un chiffre précis, François Cholat rappelle « qu’une grande majorité de cet appro passe par les coopératives et les négoces ». Ces structures doivent-elles s’alarmer du recul de la production du secteur de l’alimentation animale ? « Non, affirme le président du Snia. Le débouché reste solide. Je peux répondre en tant que dirigeant du négoce Maison François Cholat qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir à ce niveau là. » La France a représenté jusqu’à 85 % de l’approvisionnement de la filière, et si ce chiffre a reculé, c’est plutôt faute d’offre que de demande, précise-t-on encore au Snia.