Après la crise, Intercéréales présentera la note au Gouvernement
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Depuis cinq semaines, les acteurs de la filière céréalière font preuve de réactivité et de civisme pour répondre à la demande des consommateurs. La réorganisation implique des surcoûts. Si l’heure n’est pas au bilan, Intercéréales compte bien, après la crise, faire le point avec le ministère de l’Économie et des finances, d’autant que des activités souffrent durement.
La conférence de presse, organisée chaque mois par FranceAgrimer, après son conseil spécialisé dédié aux céréales s’est tenue, le 15 avril, par visioconférence. Près de deux heures d’échanges auxquels était convié Jean-François Loiseau, le président d’Intercéréales. L’occasion pour lui de faire le point sur l’activité de la filière, plus d’un mois après le début du confinement.
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Jean-François Loiseau souligne que les activités boulangerie artisanale et industrielle sont fortement réduites tout comme la malterie et la brasserie.[/caption]
Merci à la SNCF
Il n’a pas hésité à saluer « le civisme des salariés. Des aménagements du temps de travail ont été instaurés : équipes en 3x8, travail 6 jours, voire parfois 7 jours sur 7. Chacun a su s’adapter, rapidement. » La cellule de crise, mise en place par Intercéréales, se réunit deux fois par semaine. Au bout du fil ou au travers de l’écran, les différents acteurs de la filière, les ministères, la SNCF, VNF… « Merci à la SNCF d’avoir compris l’enjeu de préserver la circulation de certaines lignes, confiait Jean-François Loiseau. À ce jour, 80 % du trafic fonctionne à peu près correctement. Aucune ligne supplémentaire de fret n’a été ouverte mais le nombre de trains circulant sur chaque voie a été augmenté ».
L’effondrement pour la boulangerie industrielle
Si la sécurité des salariés et le transport des marchandises sont désormais assurés, Jean-François Loiseau a insisté sur la difficulté de certaines activités, à l’image de « la boulangerie artisanale qui, en temps normal, apporte de la valeur à la filière. Après l’euphorie de la première semaine de confinement, ce secteur s’est, dès la deuxième semaine, effondré de près de 50 % ». Même inquiétude pour la boulangerie industrielle depuis la fermeture de tous les points de vente : « avec un recul compris entre 70 et 80 %, la situation est catastrophique », estime-t-il. Si l’utilisation des céréales par les industriels était plutôt stable les trois premières semaines, elle a, depuis, reculé de 20 à 30 %. « La vente de farine en sachets de 1 kg a, elle, été multipliée par deux mais rappelons que ce débouché ne représente, en France, que 5 % des volumes de farine produits », a-t-il précisé.
« La grande distribution devra se souvenir de nos efforts »
Jean-François Loiseau en a profité pour partager son coup de colère. « Une enseigne de la grande distribution vend actuellement la farine 3 fois le prix qu’elle l’achète. Oui nous avons besoin de la grande distribution mais nous voulons des enseignes responsables et civiques. Pour l’heure, nous continuons à approvisionner et à absorber les surcoûts, en termes de logistique notamment avec des camions qui repartent à vide. C’est de notre devoir. Mais une fois la crise passée, nous comptons bien présenter la note au ministère de l’Économie et des Finances et renégocier avec la grande distribution, en espérant qu’elle aura en mémoire tous nos efforts consentis ».
Malterie et brasserie en souffrance
Autres secteurs touchés : la brasserie et la malterie qui, avec la fermeture des cafés, des restaurants et l’annulation des festivals se voient privées de près de 35 % de leurs débouchés. « Les microbrasseries sont particulièrement impactées avec un effondrement de près de 80 % de leurs ventes », constate Jean-François Loiseau. Pour les semouliers en revanche, pas d’inquiétude. La demande en pâtes reste soutenue et les usines se sont réorganisées pour assurer la cadence. L’autre bonne nouvelle vient de l’export de céréales qui reste dynamique et devrait, atteindre des records. FranceAgriMer estime que, fin avril, l’export de blé tendre devrait atteindre 21 Mt dont, 13,2 Mt vers les Pays Tiers, soit une hausse de 37 % en un an.