Référence agro

Au printemps, les surfaces de pois pourraient doubler

Le

Oui, les surfaces de pois de printemps vont augmenter. La question est : de combien ? A ce jour, les prévisions vont bon train : jusqu’à 200 000 ha, contre 110 000 l’an dernier. En tout cas, les semences ne devraient pas manquer.

Chez Noriap, Dominique Hoffer, responsable de l’activité semences table sur « un + 60 à + 80 %. De 9000 ha en 2009, nous devrions passer à 15000 ha. Nous avions anticipé cette progression en augmentant nos surfaces de multiplication ». Les semenciers ont fait de même. En 2009, les surfaces de multiplication ont, à l’échelle nationale, progressé de 60 %, avec d’excellents rendements. La pénurie de semences que certains redoutent peut-elle quand même arriver ? « A mon avis non, confie Eric Bellest de Limagrain. Il est vrai que les réservations ont débuté de bonne heure mais certains acheteurs se sont, à mon avis, trop couverts, de peur de manquer. De là à dire que toutes les réservations vont effectivement se concrétiser, j’ai quelques doutes. D’autant que certains clients n’hésitent pas à passer commande à deux endroits différents ! » Anne Gilet

Pour France Cassignol, de l’Afsa (association française des semences de céréales à paille et autres espèces autogames), « des tensions sont toutefois à craindre. La grande incertitude reste la place que les agriculteurs souhaitent laisser au pois. Nous savons que les surfaces d’orge d’hiver ont baissé et que le pois devrait remplacer l’orge de printemps dans bon nombre d’exploitations. » Mais les conditions climatiques resteront l’élément clé de la décision.

110000 ha de pois ont été semés en 2009. Pour certains, cette surface pourrait atteindre 200000 ha en 2010. Pour Eric Bellest, « si le seuil de 170000 ha est atteint, cela sera déjà très bien… mais peut-être pas assez pour inverser la tendance et séduire de nouveaux les fabricants d’aliments du bétail ». Car l’enjeu affiché par la filière est bien celui-ci : reconquérir le marché de l’alimentation animale. Aujourd’hui, comme l’indique Nathalie Levoen, de l’Unip, « la France importe près de la moitié des matières premières riches en protéines qu’elle consomme en alimentation animale. L’objectif est d’atteindre 400000 ha de protéagineux (pois, lupin, féverole) en 2011-2012 : un chiffre qui permettrait de sécuriser l’approvisionnement des usines d’aliments du bétail en produisant des quantités suffisantes et régulières ».

Une chose est sûre : la prime de l’Etat de 39 M€ (attribuée pour trois ans) à se partager entre les producteurs qui sèmeront des protéagineux semble séduire. L’Unip estime que cette enveloppe pourrait représenter 144 €/ha (pour 270000 ha de protéagineux, contre 200650 ha en 2009) auxquels il faut ajouter les 55,57 €/ha de prime européenne attribuée depuis 2004. Soit un total proche des 200 €/ha. Pour de nombreux agriculteurs, cette somme incite à revoir son assolement d’autant que les atouts agronomiques du pois ne sont pas négligeables.