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Avril livre un carburant 100 % végétal pour les camions militants !

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La réponse d’Avril pour garantir un débouché au colza français : contrer l’écologie punitive et anticiper le durcissement de la réglementation sur le diesel. Comment ? En proposant un carburant 100 % végétal. Un nouveau métier entre dans le giron du groupe, fort d’une maitrise de toute la chaine : du champ au réservoir. Un produit exclusivement réservé aux transporteurs possédant une flotte captive et soucieux de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

« Le plein d’oléo SVP ! » L’expression pourrait s’entendre de plus en plus dans les dépôts de bus ou de transporteurs dès 2019 ! Nom de code du nouveau carburant 100 % renouvelable, tracé et élaboré à partir d’huile de colza : Oléo 100. Cible : les véhicules diesel des professionnels sensibles à leur impact environnemental et disposant de flotte captive. Concrètement, ceux qui gèrent leur propre stock de carburant sans passer par les stations-services : transporteurs privés, publics, collectivités… Élaboré par Avril, ce carburant a officiellement été lancé le 8 novembre sur fond de polémique autour de la hausse des taxes sur le diesel : « Oléo 100 est la réponse de 75 000 agriculteurs producteurs de colza pour accompagner la transition écologique », relève Arnaud Rousseau, président du groupe Avril. Ici, « pas d’écologie punitive mais de l’innovation ». Et un nouveau métier internalisé dans le groupe Avril.

Sécuriser deux filières : huiles et protéines végétales

Au-delà du progrès, d’autres motivations ont permis l’aboutissement de ce projet : la sécurisation du débouché pour les agriculteurs, la consolidation de la filière protéique puisque la graine triturée apporte deux fois plus de protéines que d’huile et l’optimisation de l’outil industriel. Oléo 100 est clairement une réponse aux importations de l’huile de palme indonésienne et du soja argentin qui concurrencent déjà le colza français pour produire les 7 % de biodiesel en France, ou de la graine de canola qui vient du Canada avec 30 euros par quintal en moins pour un rendu Rouen. Concurrence ardue à laquelle s’ajoute un repli de la consommation d’huile alimentaire de colza en France.

En se resserrant, la réglementation crée un effet d’aubaine avec l’élimination, dès 2023 en Europe, des biocarburants sourcés avec des matières premières à fort risque de déforestation comme le soja ou l’huile de palme. La fin programmée en 2040 du diesel pousse à trouver des alternatives.

Pas de concurrence avec le colza alimentaire

Quant au risque de concurrence avec le colza alimentaire ou toute autre culture nourricière, Arnaud Rousseau coupe court, chiffres à l’appui : « Aucun risque. Plus de 2,5 Mt d’huile peuvent être produites alors qu’il s’en produit en moyenne 1,5 Mt par an. Et entre notre production et ce que nous visons, il y a un facteur 10. » Le groupe Avril vise 100 000 tonnes de carburant Oléo 100 sur 1,5 Mt de biodiesel. L’objectif est « ambitieux » mais « raisonnable », complète Kristell Guizouarn, responsable du projet. Ce carburant devrait alimenter 15 000 véhicules d’ici à 2023 sur un parc de près de 1,5 million de camions, autobus et autocars.

Producteur, fournisseur et livreur de carburant végétal

L’offre d’Avril englobe la livraison directe sur site du transporteur depuis les usines de formulation - en l’occurrence celle de Grand-Couronne près de Rouen, équipée pour ce démarrage - mais aussi l’adaptation des moteurs ou l’installation d’une deuxième cuve si le transporteur souhaite garder une flotte mixte.

Toute la phase de mise au point du produit et de l’offre s’est effectuée sur 5 ans en lien avec les constructeurs et les transporteurs (Vika et Transgourmet).

Pour ces derniers, rouler 100 % colza est une opportunité de montrer une amélioration du bilan GES de ce maillon de la chaîne d’approvisionnement. Les émissions sont réduites de 60 % : le bilan carbone est 2,5 fois meilleur que celui du gazole et près de deux fois meilleur que celui du gaz (GNV).

L’État a aussi été impliqué. Il a donné son feu vert à la commercialisation du produit en mars 2018. Malgré son origine 100 % renouvelable, Oléo 100 est soumis à une fiscalité, certes moins élevée que le diesel, mais plus que le gaz. « L’Oléo 100 sera vendu au même prix que le gazole », indique Jean-Philippe Puig, gérant d’Avril.

Bon à savoir

La France n’est pas pionnière

Ce type de carburant d’origine 100 % renouvelable - nommé B100 par la réglementation - existe déjà en Europe. Il a fait l’objet d’une normalisation depuis 15 ans. En Suède, Avril fournit déjà une partie de B100 sous une autre marque. Oléo 100 est par contre la seule déclinaison 100 % française de B100.