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Basses eaux sur le Rhin : un export de céréales divisé par deux

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Les quelques flocons tombés ces derniers jours ne devraient pas changer fondamentalement la donne : le Rhin connaît un niveau historiquement bas. « À certaines échelles, le niveau d’eau est passé sous le niveau de basses eaux le plus bas enregistré à ce jour », estime la Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR). Conséquence directe de cette sécheresse qui dure : toute la navigation fluviale se retrouve perturbée, avec en première ligne l’export de grains. « Notre rythme d’expédition a été divisé par deux : sur le mois d’octobre, nous devrions exporter entre 40 et 50 000 tonnes, contre 100 000 tonnes habituellement », estime Bruno Paillaud, directeur d’exploitation du silo de Metz et responsable des silos fluviaux d’InVivo. Le site de Metz expédie en moyenne 1,4 Mt de céréales par an, via la Moselle puis par le Rhin.

Un potentiel d’export amputé mais rattrapable

La disponibilité des barges n’est pas extensible, d’autant plus qu’avec l’arrivée de l’hiver, le transport de charbon prime sur celui des grains. « Contrairement à l’Allemagne, la récolte française 2018 cumulait la qualité et la quantité, ce qui nous offrait de belles opportunités sur le nord de l’Europe, particulièrement en orges de brasserie. Ce potentiel a été indéniablement amputé par les basses eaux. Mais nous sommes confiants pour la deuxième partie de campagne une fois que le Rhin aura retrouvé son niveau », concède Bruno Paillaud.

Engrais : le report sur camions difficile

La filière céréalière n’est pas la seule à souffrir. Fin septembre, le producteur d’engrais K+S avait arrêté ses usines, faute d’eau disponible pour l’extraction des minerais de potasse. Ce qui avait coûté à l’Allemand près de 3 M€ par jour. Fin octobre, c’est l’usine de Ludwigshafen de BASF qui a du tourner au ralenti, afin de restreindre les prélèvements d’eau de refroidissement dans le fleuve. « Tous les producteurs sont désormais touchés sur le plan logistique, estime un fabricant d’engrais. On ne peut presque plus livrer par barge et la pression sur l’offre de camions est très forte, ce qui augmente les coûts. » Ce que confirme Bruno Paillaud : « Des importations d’engrais arrivent directement par camions des ports maritimes. Une barge d’engrais venant de Gand coûte en moyenne 10 euros par tonne. En basses eaux, le prix double ».