Biocarburants : les députés pèsent le pour et le contre…
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L’audition publique sur les biocarburants, réalisée le 1er octobre par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, a laissé une large place aux opinions favorables à leur développement. La première génération a été dédouanée, au plan planétaire, d’entrer en concurrence avec les productions alimentaires, alors que les objectifs initiaux, en termes de gaz à effet de serre, de diversification énergétique et de soutien au revenu agricole étaient rappelés. Les contours de ce que pourraient être la deuxième génération de biocarburants, au mieux vers 2015, ont été présentés, avec déjà, en ligne de mire, la troisième génération. Chaque génération s’appuie sur la précédente ont souligné plusieurs experts. Au terme de ces plaidoyers, Alain Jeanroy, directeur général de la Confédération générale des betteraviers, a pu expliquer en quoi la fin de la défiscalisation des agro-carburants inclue dans le projet de loi de finances 2009 était incohérente avec les objectifs visés par la France. C.D.
Hervé Guyomard, directeur scientifique, Inra.
La SAU utilisée est aujourd’hui dans le monde de 1,6 milliard d’ha. Le potentiel de réserve est de un milliard. Chiffre à rapprocher des surfaces dédiées aux biocarburants : entre 20 et 22 millions d’ha en 2006 pour un potentiel de 70 à 80 millions d’ha. La concurrence entre débouchés alimentaires et énergétique n’est donc pas évidente au niveau mondial. Toutefois, a précisé Hervé Guyomard, « plus je restreins la zone observée, plus la concurrence peut être forte : c’est le cas du maïs aux Etats-Unis notamment. »
Concernant la hausse des prix, les instances internationales de prévision avaient anticipé le mouvement, dont l’ampleur a été accentuée par des données conjoncturelles. A terme, la hausse des cours du pétrole rendra moins sensible les aides des Etats pour les biocarburants. Les agriculteurs arbitreront donc seuls entre cultures alimentaires et énergétiques, entraînant une indexation plus forte du prix des matières premières agricoles sur le pétrole.
Chiffres clés 2007
< 4 milliards de litres d’éthanol produits, dont 46 % aux Etats-Unis ; 41 % au Brésil ; 4 % dans l’UE (dans l’ordre, France, Allemagne, Espagne) et 8 % ailleurs.
< 6,5 milliards de litres de diester, dont 75 % dans l’Union européenne (dans l’ordre, Allemagne, France, Italie) ; 13 % aux Etats-Unis et 12 % dans le reste du monde.
< Consommation dans l’UE : 2,5 milliards de litres (plus 11 %), mais 25 % de l’éthanol importés ; biodiesel, 5 milliards de litres (plus 16 %).
A ce rythme les objectifs communautaires seront tenus : 5,75 % en 2010 et 10 % en 2020.
< Consommation en France : 1,3 Mt de biodiesel en 2007 ; estimations d’un doublement pour 2008 ; 426 000 t de bioéthanol, plus 30 % estimés en 2008.
Les facteurs limitants : les réglementations nationales et européennes, mais aussi le plafonnement des surfaces dédiées aux oléagineux et les importations des pays ne respectant les règles environnementales.
Concernant les co-produits, le respect de l’engagement de 5,75 % d’incorporation à échéance 2012 devrait permettre de limiter les importations de soja de l’équivalant de 2,25 Mt de tourteaux oléagineux. Le taux d’équilibre en termes d’influence sur les prix des matières premières pour les éleveurs se situe également à 5 % : niveau où l’impact de la raréfaction des surfaces est contrebalancée par la hausse de l’offre en co-produits.
Les députés Claude Birraux (Haute-Savoie) et Christian Bataille (Nord) ont été désignés en décembre 2007 par l’OPECST pour réaliser le rapport sur « la stratégie nationale de la recherche énergétique ». Ils doivent rendre leur copie en décembre 2008.