Colza, SNCF tire profit des atouts du B100
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Depuis avril et pendant trois mois, les quinze trains de la ligne SNCF Paris-Granville roulent au B100, un biocarburant issu du colza français. Pour Françoise Labalette, responsable de l’amont et de l’économie de filière chez Terres Univia, le B100 est une solution rapide et efficace pour répondre à la transition énergétique et diversifier les débouchés des produits oléagineux. Un bon moyen également de soutenir la culture du colza.
Après les flottes captives de camions ou bus, c’est au tour des trains de tester le carburant B100. En 2019, l’interprofession Terres Univia, en collaboration avec la SNCF et l’Institut français du pétrole énergies nouvelles, IFPEN, a piloté et financé une phase d’évaluation technique et environnementale. Sur le banc d’essai, un des principaux moteurs diesel des locomotives a tourné au B100 pour mesurer les impacts liés à son utilisation. Depuis avril et pendant trois mois, SNCF a mis en pratique l’expérience sur sa ligne Paris-Granville en conditions de circulation réelle. Une expérimentation qui s’inscrit dans sa démarche Planeter où SNCF s’est engagée dans un verdissement ferroviaire. Elle vise un objectif de réduction annuelle des émissions de CO2 de l’ensemble de ses TER de 100 000 tonnes par an d’ici à 2025.
Entièrement substituable au carburant fossile
Le B100 est constitué à 100 % d’esters méthyliques d’acides gras d’huile de colza.
Son principal atout est qu’il se veut totalement « substituable au gazole fossile », précise Françoise Labalette, responsable de l’amont et de l’économie de filière chez Terres Univia. « L’idée est de remplacer l’un par l’autre, sans avoir à investir dans une nouvelle motorisation, poursuit-elle. C’est une solution rapidement utilisable pour répondre aux enjeux de la transition énergétique. » Autre avantage : le recours à ce biocarburant ne nécessite aucune modification de la motorisation des trains roulant au gazole fossile.
60 % des émissions GES en moins
Les résultats menés sur banc d’essai confirment également les avantages environnementaux liés à son utilisation. Le B100 permettrait de « réduire de 60 % les émissions des gaz à effet de serre, de 15 % les émissions d’oxyde d’azote et de 45 % la masse de particules émises en comparaison avec le gazole standard », rappelle-t-elle.
Pour l’expérimentation Paris-Granville, c’est la société Bolloré Energy qui approvisionne les quinze trains en B100 au colza français produit par Valtris Champlor. Avec une fiscalité particulière en tant que biocarburant, la filière autour du B100 se veut ultra tracée et identifiable.
L’ensemble de la production mieux valorisée
Par cette initiative, la filière poursuit son développement pour diversifier les débouchés des produits oléoprotéagineux. Ce débouché consolide davantage la filière malgré les difficultés liées à cette culture. « Il y a moins d’un million d’hectares de colza cultivés en France en 2021, soit un tiers d’hectares en moins », estime Françoise Labalette. Cette nouvelle initiative devrait motiver les producteurs à ne pas abandonner la culture du colza malgré les contraintes. « C’est gagnant-gagnant, nous verdissons le transport ferroviaire avec une source locale, ajoute-t-elle. Nous valorisions aussi la protéine. En moyenne avec 1500 kg d’huile, nous obtenons 1900 kg de tourteaux de colza. Le tourteau va pouvoir être valorisé car il est français et non OGM, ce qui est recherché en alimentation animale. C’est donc l’ensemble de la récolte qui sera valorisé. » Le B100 produit avec du colza français permet également de sécuriser les débouchés et d’améliorer les revenus des agriculteurs.
La SNCF devrait livrer un bilan de cette expérimentation d’ici la fin juin.
L’interprofession souhaite déployer le B100 à grande échelle. En France, les biocarburants sont utilisés à hauteur de 7 % dans le diesel (B7) ce qui représente environ 2 800 000 m3. Deux tiers du biodiesel produit en France est fabriqué à base de colza français.