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« Confirmer la qualité des productions françaises » François Cholat, président du SNIA

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Covid, demande sociétale, impact environnemental… Entre débouchés et matières premières, le secteur de l’alimentation animale a toujours eu l’habitude de s’adapter. Mais comme pour beaucoup d’acteurs agricoles, cette année aura mis à rude épreuve la souplesse et la réactivité des fabricants. A l’occasion de l’assemblée générale du Snia, le Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale, son président François Cholat nous livre son analyse du marché et trace quelques perspectives pour demain.

« Confirmer la qualité des productions françaises » François Cholat, président du SNIA
« Confirmer la qualité des productions françaises » François Cholat, président du SNIA

Référence-agro : Quelle est la stratégie du secteur après cette année difficile ?

François Cholat : Être réactif ! Il est difficile de voir à quatre ans aujourd’hui. Nous avons réussi à passer l’épreuve de la Covid-19 sans arrêter aucune usine. Et, grâce à la prouesse de notre logistique, nos clients ont tous été servis. Nous devrions terminer l’année avec un faible retrait, compris entre -1 % et - 2 %. Pour l’avenir, notre stratégie s’articule autour de la responsabilité sociétale : avec notre démarche Oqualim pour la qualité et la sécurité sanitaire, notre plateforme Duralim pour des approvisionnements 100 % durables en 2025 et la constitution d’une boîte à outils RSE pour nos adhérents.

RA : Quel est l’état du marché français aujourd’hui ?

F.C.  : Il y a des productions animales qui souffrent, comme la dinde, le canard et le lapin. Elles ont été mises de côté et leur consommation subsiste surtout en restauration hors foyer. La filière équine souffre aussi car les centres équestres ont eu du mal à tourner cet été. Le marché du ruminant se comporte correctement, excepté pour la viande bovine pour laquelle les prix ne suivent pas, malgré les volumes corrects disponibles. La production de volailles reste quant à elle stable.

R.A. : Quel regard portez-vous sur les productions végétales françaises ?

F.C. : Il faut confirmer la qualité des productions pour augmenter la valeur énergétique des formules. Nous pouvons gagner encore un point je pense. Un travail de fond a été engagé sur le maïs et le blé pour continuer à augmenter les teneurs protéiques. Le développement des oléoprotéagineux est un passage obligé pour répondre à la forte demande, mais il ne doit pas se faire au détriment des céréales. Le choix des cultures se fera en fonction des terroirs. Ensuite, nous nous adaptons : il existe plus de soixante critères d’analyse pour la matière première protéique, la cellulose et la digestibilité de l’aliment. Une fois la matière première caractérisée, nous optimiserons les formules.

R.A : 80 % de vos approvisionnements sont français aujourd’hui. Y-a-t-il encore des parts de marché à gagner ?

F.C. : Oui, si nous faisons des progrès. Il reste de la place pour valoriser le tournesol et le colza notamment. Quand on voit la différence entre la production française et les importations, nous attendons un plan protéine compétitif, pour reconquérir l’alimentation de tous les jours. En particulier en RHF où il subsiste une part importante d’importations : plus de 80 % du poulet consommé par ce circuit est importé. Des efforts sont faits sur ce plan, mais le discours de la grande distribution, qui continue de prôner le plus économique, ne va pas dans le bon sens.

R.A. : Est-ce que la production d’insectes vous inquiète ?

F.C.  : Les insectes vont rééquilibrer le marché sur les matières premières protéiques et vont sûrement chahuter un peu les matières premières riches en cellulose. Ils sont adhérents au Snia et nous avons plein de choses à apprendre. Il s’agit plus d’une opportunité que d’une optimisation de l’alimentation animale.