Congrès des betteraviers : une approche industrielle
Le
Les betteraviers ont par nature un lien étroit avec l’industrie, à plus forte raison en France où 60 % des outils de transformation sont coopératifs. La distance entre le champ et l’usine n’est jamais très grande. Dans le contexte actuel de réduction à marche forcée de la production européenne de sucre, les dirigeants de la CGB vont jusqu’à pointer du doigt les unités, en France, qui ne sont pas suffisamment rentables et mériteraient donc de fermer. L’analyse est simple : avec une betterave à moins de 40 euros/t, les betteraviers ne peuvent pas se permettre des usines non rentables.
La taille, la durée de la campagne, la densité des surfaces autour des sites industriels sont des éléments clés. Avec une estimation des besoins de production de sucre de 2,9 millions de tonnes à échéance 2010, et à raison d’unités en moyenne de 250 000 t, un peu plus de 20 usines sont suffisantes, indiquait Alain Jeanroy, délégué général de la CGB, lors d’une conférence de presse le 3 décembre. La fermeture annoncée de cinq usines dans l’année à venir (trois du groupe Téréos, une de Saint Louis Sucre et une de Cristal Union) portera à 27 le nombre d’unités en France. Les cinq sucreries qui ferment appartiennent aux trois principaux groupes, qui vont augmenter leur durée d’ouverture en campagne de 85 à 92 jours… Soit nettement au-dessus de ce qu’affichent les autres intervenants sur ce marché : Bourbon, SVI, Lesaffre et Ouvré. Les groupes coopératifs ont aussi payé des prix moyens supérieurs. Selon la CGB, « il reste des points faibles à corriger dans les cinq ans qui viennent, particulièrement au sud de Paris, où six usines produisent 500 000 tonnes de sucre ».
Michel Barnier réaffirme l’engagement du gouvernement sur les biocarburants
La construction de grandes unités dédiées à l’éthanol constitue une réponse positive à cette recherche de productivité industrielle. C’est, aussi, un moyen de limiter la baisse des surfaces. La part du sucre dans les 30 à 35 Mt de betteraves récoltées annuellement depuis 1995 était de 90 %. Elle se situera à 70 % pour le sucre et 30 % pour l’alcool (éthanol mais aussi usages industriels en plein développement). Un volume global identique pourrait donc être la norme, la progression continue des rendements se traduisant toutefois par un tassement régulier des surfaces.
La CGB, du fait d’un report de 3 Mt de betteraves sur l’an prochain, estime que la sole betteravière baissera de 8 à 10 % en 2008, avec 361 000 ha (253 000 ha pour le sucre et 108 000 ha pour les autres usages), contre cette année, 394 000 ha (272 000 ha pur le sucre et 122 000 ha pour les autres usages).
Les déclarations du ministre de l’Agriculture, venu en personne répondre à leurs inquiétudes, lors de l’assemblée générale du 4 décembre étaient attendues avec impatience. Rassurant sur les aides renforcées qui seront accordées dans le cadre de la restructuration du secteur et sur la gestion de la période transitoire avec les pays ACP, le ministre s’est fait très précis sur le thème des biocarburants. « Notre objectif, c’est 7 % de biocarburants dans les carburants en 2010. Pour y parvenir, 53 usines ont été agréées, dont 21 nouvelles unités qui seront construites dans 14 régions, pour un investissement estimé à plus de 2 milliards d’Euros ». Un objectif compatible avec les débouchés alimentaires et permettant la réduction de 5 % des gaz à effet de serre. Quid, dès lors, d’une augmentation des taxes sur biocarburants ? La défiscalisation est indispensable en phase de constitution des capacités industrielles, a assuré le ministre, qui s’est félicité d’avoir obtenu que la baisse soit limitée à 15 %, contre les 40 % initialement proposés par Bercy. Il réaffirme, par ailleurs, la nécessité de disposer à 3-5 ans « d’une démonstration industrielle des biocarburants de 2e génération ». C.D.
L’Inra s’associe aux semenciers et à l’ITB autour de la betterave OGM
La betterave OGM a été à l’honneur lors de l’assemblée générale de la CGB (Confédération générale des betteraviers), le 4 décembre à Paris. Intervenant en ouverture des travaux, Philip von dem Bussche, directeur général de KWS France a indiqué que les betteraves OGM serait le standard en 2020. Propos accueillis avec satisfaction par les betteraviers présents, et surtout ponctués d’une annonce concrète réalisée par l’Inra. Guy Riba, directeur délégué de l’institut national a en effet très officiellement proposé d’accueillir l’Institut technique de la betterave et les semenciers sur une plate-forme du nord de la France, soulignant la nécessité pour l’Inra de se remobiliser. Il a également évoqué de possibles développements de partenariats avec Génoplante. C.D.