Convention 2021 de l’ANMF, trouver une voie pour la RSE dans les meuneries
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L’Association nationale de la meunerie française (ANMF) se donne trois ans pour que l’ensemble de ses adhérents aient initié une démarche RSE. Comment appréhender ce concept, quand on est meunier, et particulièrement un « petit » meunier ? Le débat a été ouvert le 10 septembre, lors de la Convention de l’ANMF, à Bordeaux.
D’ici à trois ans, l'Association nationale de la meunerie française (ANMF) souhaiterait avoir incité l’ensemble de ses 177 entreprises adhérentes à adopter une politique RSE. C’est l’objectif annoncé par Jean-François Loiseau, président de la structure, le 10 septembre lors de la Convention 2021 de l’ANMF. « Nous sommes une interprofession pionnière en la matière, assure Cécile Adda, responsable RSE d'Intercéréales. Et dans notre groupe de travail dédié à la RSE, l’ANMF est très active, alors même que ses empreintes en termes d’eau et d’émissions de carbone ne représentent que 10 % environ de celles de la filière. »
Mobiliser les nombreuses TPE et PME du secteur
Reste à matérialiser le dynamisme de l’association chez ses adhérents. Bonne nouvelle, le secteur ne part pas de zéro. En 2021, environ 65 % de la farine française était produite par des meuniers déjà engagés dans la RSE. L’ANMF ne précise toutefois pas combien d’entreprises sont concernées à ce stade, et il est probable que ce chiffre soit porté par des structures limitées en nombre, mais drainant de forts volumes. Tout l’enjeu est d’aller chercher les TPE et PME, qui représentent 97 % des adhésions ANMF.
Avec ses 15 salariés, la minoterie des Bois Olives (Manche) est un de ces « petits moulins ». Son président Jean Varennes était invité à témoigner : « La première étape, c’est de lister ce qu’on fait de bien, et de moins bien. Nous nous sommes rendu compte que nous avions déjà des actions de routine compatibles avec un engagement RSE. » Autrement dit, la RSE ne nécessite pas forcément d’investir ou d’initier de nouvelles actions, mais peut parfois s’appuyer sur des bonnes pratiques déjà établies. Jean-François Loiseau insiste sur ce point : « Beaucoup de nos adhérents travaillent déjà les différents axes de la RSE, sans en être conscients ! »
Associer les coopératives et négoces
Selon lui, l’un des atouts de nombreux meuniers tient à leur approvisionnement. « Utiliser du blé local, c’est réduire le transport, c’est faciliter la traçabilité, illustre-t-il. C’est aussi faciliter les échanges avec les OS, qui sont, en tant que fournisseurs, parfaitement associables à la RSE d’un moulin. » Cécile Adda confirme : « La RSE semble instinctivement applicable à l’échelle d’une entreprise, mais nos travaux montrent qu’elle peut prendre une dimension filière, remarque-t-elle. Et c’est encore plus vrai pour un ingrédient comme la farine : si seul le meunier s’engage, sans implication de l’agriculteur, de l’OS et du transformateur, l’impact de la RSE sur le produit final est dilué. »
RSE, facteur d’attractivité
Les coopératives et négoces sont donc potentiellement des acteurs directs de ce type de démarche. Mais qu’ont-ils à y gagner ? « Le développement durable, c’est de la valeur, veut croire Hubert Dunant, directeur de la performance chez Axéréal. La RSE peut être le cadre d’actions rémunératrices, économiquement ou en termes d’images. » Jean-François Loiseau rebondit et conclut en évoquant l’une des autres retombées positives de la RSE : « Sur le marché du travail, les jeunes sont demandeurs de métiers porteurs de sens, d’employeurs qui renvoient une image responsable. Dans notre secteur, où l’on cherche à embaucher, c’est aussi un facteur d’attractivité ! »