Coop de France, une rentrée tendue
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La flambée des prix des céréales ne suffit pas à calmer l’inquiétude de Coop de France. Les filières animales sont fragilisées, y compris par une concurrence allemande qui interpelle. Éléments de réponse : la régulation des marchés, la contractualisation et… un appel à la responsabilité de tous les acteurs.
Les grandes cultures se portent plutôt bien. La flambée des cours de céréales et des oléoprotéagineux est même considérée par Philippe Mangin, président de Coop de France, lors de la conférence de presse du 9 septembre à Paris, « comme l’évènement majeur de la rentrée ». Pour autant, l’heure n’est pas à l’enthousiasme. Parce que cette reprise fait suite à deux années très difficiles pour le secteur céréalier. Mais aussi parce qu’elle impacte sur des filières animales qui se seraient bien passées d’un ciseau des prix aussi « catastrophique ». Une fois posé le diagnostic, reste à trouver le remède. Deux leviers peuvent être actionnés : la réduction des coûts de production, « un travail de longue haleine », et l’augmentation des prix de vente.
Catherine Deger
Photo : Yves le Morvan et Philippe Mangin, respectivement directeur et président de Coop de France.
C’est sur ce second point qu’ont décidé d’appuyer les responsables de Coop de France. « L’alimentation est le seul secteur où les augmentations seraient insupportables ou interdites ! », s’est exclamé Philippe Mangin, citant l’aval des pouvoirs publics pour augmenter le pétrole ou l’électricité mais leur affolement dès qu’il s’agit des productions agricoles. D’autant que la part de la matière première dans le produit fini est faible, voire insignifiante. 10 centimes de plus au kilo de porc à la ferme, c’est un centime pour le consommateur. Mais comment engager une spirale vertueuse, dans un marché où chacun tire la couverture à soi ? En appliquant les outils de gestion des marchés à terme à davantage de productions, répond Coop de France.
Protéger des fluctuations à la hausse, mais aussi à la baisse !
Si le syndicat se félicite de la démarche des ministres français auprès de la Commission en faveur d’outils de régulation, où le physique l’emporterait sur le financier, ils insistent aussi sur le fait que cette régulation doit jouer autant pour limiter les hausses que les baisses de prix, « faute de quoi, nous serons les dindons de la farce ! ».
Autre élément de réponse : la contractualisation, remise à jour dans la Loi de modernisation de l’agriculture, conjuguée à des organisations économiques plus puissantes. « Force est de constater, a poursuivi le président de Coop de France, que les crises à répétition n’arrivent pas dans les filières les mieux organisées ». De là, toutefois, à aller vers des contrats entre filières végétales et animales, le chemin est ardu et les lois du marché incontournables… L’utilisation d’outils de couverture par les usines d’aliments du bétail peut constituer une parade. « Les fabricants qui pouvaient se couvrir à un moment où les prix du blé pouvaient difficilement tomber plus bas ne l’ont pas fait », a rappelé Philippe Mangin.
Le développement d’autres sources de revenus pour les exploitations agricoles mérite également d’être amplifié, estime Coop de France, qui cite en exemple la politique allemande de soutien à la méthanisation. Reste, enfin, ce qui est le moins facile à évaluer et à faire évoluer : les comportements. L’occasion pour Philippe Mangin d’apporter son soutien à l’appel lancé le 7 septembre par les Jeunes Agriculteurs à « la responsabilisation de tous les acteurs ».
Bientôt une marque ?
Philippe Mangin a annoncé que les coopératives travaillaient à mieux valoriser leurs atouts vis-à-vis des consommateurs et de la grande distribution. Une réflexion sur la valorisation de l’origine, la proximité, le bilan carbone qui pourrait bien aboutir à une marque.