2019 ne sera pas l’année du colza
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Entre des parcelles non semées, retournées et victimes d’une forte pression de ravageurs, le colza cumule les incidents. Les conditions sont plus favorables aux céréales, avec une pression maladie, pour l’heure, assez faible. Mais le manque de pluie commence à se faire sentir. Une sécheresse qui, localement, perturbe la valorisation des apports d’azote. Tour des régions.
Luc Bienaimé, gérant des Ets Bienaimé (79)
« Le potentiel est prometteur »
« Les céréales et les colza se portent bien, le potentiel est prometteur. Seule inquiétude : le manque d’eau qui commence à se faire sentir. Sur céréales, le deuxième apport d’azote n’est toujours pas bien valorisé. Côté maladies, la situation est plutôt calme : un peu de septoriose et de rouille jaune repérées sur blé mais avec une pression moyenne. En revanche, sur colza, nous constatons une forte pression insectes cette année. Les agriculteurs ont, pour l’heure, réussi à maîtriser les populations. Les surfaces de colza ont reculé de près de 30 % dans notre zone. Les semis de maïs ont débuté depuis quelques jours, dans d’excellentes conditions. »
Aurore Baillet, de la station de Terres Inovia de Lorraine
« Une montée significative de la pression insectes sur colza »
« Alors que les surfaces de colza ont reculé de près de 30 % en Lorraine, le Sud de la Meurthe-et-Moselle et la Moselle enregistrent les plus fortes baisses. Après des conditions d’implantation compliquées, l’automne et l’hiver ont été très poussants, avec des températures relativement douces. Un climat propice aux insectes. Les ravageurs d’automne, comme le charançon du bourgeon terminal ou les grosses altises, ont été très présents : ils ont été repérés dans plus d’une parcelle sur trois. Puis ce fut le tour des charançons de la tige et depuis quelques jours, des méligèthes. Peu habitués à devoir faire face à ces ravageurs, les agriculteurs n’ont parfois pas traité. Les dégâts risquent d’être importants. La montée en puissance des insectes est très significative cette année dans notre région. Les températures fraîches de ces derniers jours ont quelque peu ralenti la floraison des colzas. Celle-ci peine à démarrer. »
Frédéric Adam, responsable technique chez Acolyance
« Recul du colza, hausse des céréales »
« Il est encore difficile de chiffrer exactement la sole colza. 5 000 ha n’ont pas été semés et entre 3 000 et 5 000 ha ont été retournés. Un recul qui a profité au blé tendre et à l’orge de printemps, au maïs et au pois, plus à la marge. La pression altise et charançon a été forte. La sole maïs devrait être en progression de quelques pourcents. Les semis de betteraves se sont terminés fin mars avec des hectares en recul de 2 à 4 % selon les secteurs. Cette baisse aurait pu être encore plus marquée si les agriculteurs n’avaient pas manqué d’une tête de rotation avec les accidents sur le colza. Les apports d’azote sur céréales ont été bien valorisés. On observe quelques carences en soufre et magnésium en orge de printemps comme en blé tendre. La plaine est saine, avec peu de maladies, mais il manque un peu d’eau. »
Christine Boully, responsable technique de BOURGOGNE DU SUD
« Les semis de maïs sont réalisés à moitié »
« Les surfaces de colza devraient reculer de 10 % cette année, sur les 12 000 ha semés habituellement. Pour les remplacer, les agriculteurs se sont principalement tournés vers le maïs, le soja et l’orge de printemps. Les conditions de semis ont été favorables en février et l’orge de printemps devrait passer de 400 ha à 1200 ha cette année. La moitié des surfaces de maïs est désormais emblavée. Dans les zones d’élevage, la concurrence avec l’ensilage devrait un peu repousser la date des semis, mais nous ne sommes pas en retard. Nous avons observé de la virose sur blé et orge, mais l’état sanitaire des cultures reste bon. Les méligèthes ont été plus présents que les autres années, particulièrement sur les colzas souffreteux pour lesquels la levée était difficile. La floraison a mis plus de temps à se mettre en place, sûrement à cause des coups de froid du printemps. »
Les céréales manquent d’eau
Après un hiver relativement sec et un cumul de pluies au plus bas depuis le mois de mars, les céréales commencent à manquer d’eau. Un contexte délicat associé à de forts rayonnements et des températures encore basses ces derniers jours. L’apparition de tâches physiologiques dues à ces différents stress n’est pas rare. Arvalis dresse un bilan par région.
- Dans le Sud-Ouest, les cultures sont en avance sur les stades habituels. Sur les cultures bien implantées, le stress hydrique risque de pénaliser la densité d’épis, voire leur fertilité. Une irrigation fin montaison, associée à un apport d’azote, pourrait être nécessaire pour préserver les composantes de rendement et limiter une entrée en sénescence des feuilles trop précoce.
- Dans le Sud-Est, les pluies automnales ont retardé les semis à décembre ou janvier. Les céréales sont aujourd’hui à des stades peu avancés pour le secteur, avec parfois des difficultés d’enracinement, compliquant l’alimentation des parties aériennes des plantes. Le manque de pluie risque d’impacter la croissance des culture et le potentiel de rendement.
- Plus au nord, les cultures sont moins avancées. Les apports d’azote n’ont pas toujours pu être valorisés du fait du manque d’eau. Les parcelles implantées dans les sols superficiels sont les plus touchées.