En congrès, le Naca se projette pour relever les défis à venir
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Le 35è congrès du Naca (Négoce agricole Centre-Atlantique) s’est déroulé le vendredi 3 mai, au Palais des Congrès du Futuroscope. Une dernière pour Jean-Claude Lamy, l’un des trois coprésidents, qui a, en ouverture de la journée, annoncé qu’il prendrait sa retraite en fin d’année. Au sein du syndicat, le nom de son successeur sera dévoilé le 13 juin, lors de l’assemblée générale. Comme nous le précisait François Gibon, le directeur du Naca, « l’objectif est de préserver une présidence partagée à trois. Une organisation qui permet de représenter au mieux les 19 départements couverts par le syndicat, sur trois régions ». Pour rappel, les négoces pilotés par les deux autres coprésidents, François Renaud et Gérard PIVETEAU, sont respectivement basés dans l’Indre et la Charente.
Se projeter, rassurer
« Même si l’application de la loi Egalim va nécessiter beaucoup d’efforts pour adapter nos entreprises et rassurer nos équipes, nous devons nous projeter, poursuivait Jean-Claude Lamy dans son texte d’introduction. Séparation conseil/vente, suppression des 3R… piloter dans un contexte aussi incertain impose une réflexion à plus long terme pour s’adapter et pas uniquement avec quelques ajustements techniques. Nous nous devons de voir plus loin. D’où le thème retenu pour ce congrès « tendances et comportements de consommateurs de plus en plus connectés ». »
« Une société du bla-bla alimentaire »
Bruno Hérault, chef du Centre d’études et de prospective au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, a listé les évolutions de consommation ces dernières années. « Le consommateur lambda veut manger mieux, plus vite, plus sain, plus pratique, à moindre coût, à tout moment de la journée. Il existe désormais un rapport médical à son assiette. Chacun veut savoir ce qu’il mange avec pourtant, une complète méconnaissance de la filière alimentaire et des modes de production. La cuisine d’assemblage, de réchauffage prédomine. Le consommateur a oublié d’où provenaient les aliments. Ce qu’il recherche, ce sont des produits « sans » : sans gluten, sans OGM, sans ingrédients artificiels… Chacun se construit une identité à travers ce qu’il mange. Les nouveaux aliments, ouverts sur d’autres cultures, d’autres pays, séduisent. Et pourtant, en parallèle, le local, les circuits-courts prennent de plus en plus de place dans les achats. Nous sommes dans une société du bla-bla alimentaire où le risque « manger mal » est constamment exacerbé ». Pour lui, il ne faut pas hésiter à reprendre la main sur la communication.
La blockchain, pour innover en traçabilité alimentaire
Claire Balva, présidente de Blockchain Partner et Emmanuel Delerm, directeur organisation et méthodes chez Carrefour, se sont ensuite attachés à expliquer ce qu’était la blockchain. La première, en donnant une définition générale ; le second, en prenant l’exemple concret de son application dans ses magasins. « À travers la simple lecture d’un QRCode via son smartphone, le consommateur a aujourd’hui accès à un contenu riche sur l’histoire et la provenance du produit. Une première en France permise notamment par la collecte et le partage de données inaltérables et facilement accessibles. Un outil pour réduire l’incertitude croissante sur les conditions de production, l’origine et les soins apportés aux produits ».
Ou comment passer d’une contrainte de traçabilité à une opportunité pour rassurer le consommateur. Et Claire Balva d’ajouter : « Cette technologie permet de gérer et de transférer de la valeur de pair-à-pair, sans avoir recours à un tiers centralisateur ». Un négoce, en marge du congrès, nous confiait : « pourquoi ne pas utiliser cet outil pour centraliser toutes les données liées aux certifications qui transitent au sein de nos entreprises ? ». Autant de pistes pour que chaque négoce alimente sa propre réflexion stratégique et ainsi, définisse à plus long terme, un positionnement de son offre commerciale et de son organisation.
Le Naca en chiffres
- 120 entreprises dont 4 nouvelles en 2018 : Actisem (47), Agro Force 3 (41), Bio Crops Services (36) et Les Grains d’Aquitaine (16)
- 2000 salariés
- 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires
- 4 Mt de collecte
- 350 dépôts