4e journée de la fertilisation, sous le signe de la double croissance
Le | Cooperatives-negoces
La 4e journée de la fertilisation, organisée le 7 avril au Stade de France par l’Unifa (Union des industries de la fertilisation) a rassemblé quelque 200 participants, au lendemain de l’assemblée générale qui a reconduit Joël Morlet (Yara) à la présidence. Le thème développé, « la fertilisation au service de la croissance verte », engageait les professionnels à une approche offensive sur les questions liées à l’environnement, dans une ambiance plutôt confiante.
La croissance de l’activité contribue amplement à ce retour d’une plus grande sérénité, avec un chiffre d’affaires 2010 de 2,333 milliards d’euros (pour les 43 adhérents de l’Union, soit l’essentiel de l’activité en France), en hausse de 22,6 %. Les perspectives sur l’année 2011 sont également très favorables, prix et volumes étant au rendez-vous. Le secteur restera toutefois en dessous des 4 milliards réalisés en 2008.
Au-delà des chiffres, les préoccupations ne manquent pas. La restructuration du secteur se poursuit, avec une accélération liée à la mise en vente par BASF de deux de ses sites de production (cf lettre du 07/03/11). Restructuration qui pourrait s’accélérer sous la pression du projet de quotas carbone pour l’industrie défendu actuellement par la Commission européenne. Sur ce dossier, l’Unifa n’exclut pas, à l’instar d’Eurofer (Confédération européenne de l’industrie du fer et de l’acier), de se placer sur le terrain de la justice à l’encontre de la Commission. Catherine Deger
Photo : Les participants à la 4e journée de la fertilisation sur la pelouse du Stade de France, le 7 avril.
« L’efficacité énergétique de l’industrie européenne des engrais est supérieure à celle des autres pays producteurs. Appliquer une réduction de 80 % des émissions de N2O reviendrait à mettre en péril 25 % de ses capacités », a souligné Antoine Hoxha (photo de gauche), directeur technique de Fertilizers Europe (association européenne de l’industrie des engrais). Un schéma qui serait, au final, contre performant, puisqu’il faudrait importer plus d’engrais avec un profil énergétique moindre autant à la fabrication qu’à l’utilisation.
L’innovation aussi en fertilisation
La feuille de route présentée par la Commission visant une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95 % d’ici à 2050 (base 1990) comporte cependant un signal positif fort. Les objectifs, fixés par grands secteurs d’activité, sont moins drastiques pour la production agricole : moins 42 %. Une manière claire de reconnaître le besoin de produire davantage dans les décennies à venir pour faire face au défi alimentaire. Ce thème était au cœur des échanges de cette 4e journée de la fertilisation.
« Produire plus avec moins d’intrants, c’est produire avec plus de savoir », a résumé avec conviction Catherine Choquet (photo ci-contre), directrice recherche et développement de AEI (Agriculture Ecologiquement Intensive), structure portée par la coopérative régionale Terrena. Une approche qui constitue à ses yeux une rupture dans la conduite des cultures. Rupture dans l’approche du risque, autant pour les conseillers que pour les agriculteurs. Rupture aussi dans l’innovation : « il faut renverser les processus d’innovation, aller piocher les idées sur le terrain ». D’autres préfèrent aborder ces questions en termes d’adaptation, ne serait-ce que pour prendre le temps de mettre en cohérence les politiques d’approvisionnement avec les contraintes environnementales et économiques. Tous les participants à la table ronde se sont toutefois accordés sur le rôle déterminant de l’innovation. « De nouvelles matières premières fertilisantes sont en cours de développement, a indiqué Gilles Poidevin (troisième photo), délégué général de l’Unifa. Issues du recyclage, à base d’algues, microorganismes, acides humiques ou aminés, elles viendront compléter la gamme déjà à disposition des agriculteurs ». Ce constat se traduira d’ailleurs par la création en 2011 d’une activité regroupant au sein de l’Unifa les producteurs de stimulateurs de croissance, d’oligo-éléments foliaires ou encore de micro algues.