A la Une : Les premières bennes livrent leurs résultats
Le | Cooperatives-negoces
A l'heure où les chantiers de récolte gagnent le nord de la Loire, Référence-appro.com vous propose un premier bilan de la collecte française, au travers de témoignages d'hommes de terrain. Déjà, des disparités régionales s'affichent. Déception pour le blé dur dans le Sud-Ouest, belles surprises dans le Sud-Est ! Pour le blé tendre, les bons rendements de la zone ouest ont dilué le taux de protéines : la barre des 11 points reste difficile à atteindre, compliquant déjà les transactions à l'export. Quant au colza, mis à part quelques régions, la moisson s'avère décevante.
De 10 à 20 jours de retard. Le retard en végétation accumulé au printemps ne s'est pas rattrapé. Le climat chaud et sec de ces dernières semaines a toutefois permis une avancée rapide des récoltes même si les orages perturbent, localement, les chantiers. Point positif : pas d'embouteillage dans les silos comme ce fut le cas l'an passé ! Au sud de la Loire, blé dur, orge et colza sont désormais à l'abri. Pour le blé, 60 à 80 % des parcelles sont récoltées. Au nord de la Loire, les parcelles mûrissent doucement : les orages de ces derniers jours ont décalé l'entrée en action des moissonneuses batteuses.
Arterris (11) - Franck Simioni, responsable exploitation. « Une gestion des saisonniers, perturbée par le retard des cultures »
« Toutes cultures confondues, deux tiers de la collecte est désormais terminée. Celle du blé dur atteindrait un très bon niveau comparé aux deux dernières campagnes : 35 à 45 q/ha selon les zones avec un taux de protéines, certes en baisse, mais qui reste conforme aux attentes de nos clients et surtout, visiblement meilleure que dans les pays concurrents de la Méditerranée. Côté blé tendre et colza, pour les parcelles déjà récoltées, quantité et qualité sont au rendez-vous grâce à un bon rattrapage en fin de saison. Les 20 jours de retard accumulés pourraient pousser la récolte jusqu'au 15 août. Une date inhabituelle pour notre zone qui a fortement perturbé la gestion des saisonniers et des chauffeurs. En disposer au mois d'août nous a contraint à une gymnastique à laquelle nous ne sommes pas du tout habitués ».
Terres du Sud (47) - Michel Robert, responsable céréales. « Chez nous, pas de problème de protéines »
« Les blé sont récoltés à 80 %. Certes les rendements sont un peu en dessous de ceux de la campagne passée (60 à 62 q/ha de moyenne) mais les taux de protéines sont satisfaisants. Dans notre région, nous n'avons pas subi d'érosion de la qualité. Une bonne opportunité pour positionner notre marchandise à l'export via le port de Bordeaux notamment vers le Portugal, l'Espagne ou l'Afrique du Nord. L'orge termine également sur de bons résultats avec un rendement moyen de 55 q/ha. En revanche, déception pour le colza. Alors que les surfaces ont connu une nouvelle baisse, les rendements s'érodent à nouveau : pas plus de 28 q/ha de moyenne ».
Val de Gascogne (32) - Jean-Luc Ritouret, directeur collecte. « Grosse déception pour le blé dur »
« Alors que dans le nord du Gers, les moissons sont terminées, elles le sont à moitié plus au Sud. Résultats moyens pour le blé tendre tant au niveau des rendements (57 q/ha de moyenne) que de la qualité. En revanche, forte déception pour le blé dur : à peine 45 q/ha de moyenne ! Le climat du printemps et les attaques de fusariose ont fortement pénalisé les résultats. Année moyenne également pour l'orge ».
Vivadour (32) - Fabien Cazeaux, directeur des silos. « Très mauvais résultats pour le blé dur »
« La récolte des blés durs et des colzas est finie : celle des blés tendres est en passe de l'être. Pour ces derniers, la qualité est hétérogène : les PS moyens avoisinent les 76 et les protéines, entre 10,5 et 11. Les rendements eux, frôlent les 60 q/ha. En blé dur, les résultats sont très mauvais : pas plus de 55 q/ha de moyenne pour des protéines allant de 12,5 à 13,5, des PS moyens de 74 et un GMF (germé, moucheté, fusarié) de 15… soit un très mauvais taux ! Les blés améliorants, eux, ne s'en sortent pas trop mal avec un rendement moyen de 55 q/ha. Les colzas affichent pour leur part un rendement de 20 à 25 q/ha » ;
Euralis (64) - Olivier Quéro, responsable communication. « Une campagne dans la moyenne »
« 60 % de 24000 ha de colza, d'orge et de blé sont récoltés. Pas de réel bilan à ce jour. Les rendements, hétérogènes, devraient conduire à une année dans la moyenne des dix dernières années : ni exceptionnelle, ni catastrophique. Au niveau de la qualité, nous n'avons pas pour l'heure détecté de problème ».
Terre Atlantique (17) - Olivier de Temmerman, responsable adjoint sur les marchés céréaliers. « Jusqu'à 110 q/ha pour les blés dans les bonnes terres du marais »
« La moisson a démarré autour du 10 juillet. Les orges sont toutes récoltées. Les rendements sont excellents (85 à 90 q/ha), les protéines un peu faibles (0,5 à 1 point de moins par rapport aux normes de l'export). Pour les colzas, moissonnés à 70 %, les résultats sont corrects : 30 à 35 q/ha. Quant aux blés, collectés à 60 %, les très bonnes terres du marais décrochent des records : jusqu'à 110 q/ha. En moyenne, pour la coopérative, les rendements devraient avoisiner les 80 à 85 q/ha. Un résultat bien plus élevé qu'attendu. Logiquement, le taux de protéines pâtit de ces forts rendements : de 8 à 14, avec de nombreuses parcelles en dessous de 10 ! Aujourd'hui, exporter de la marchandise s'avère compliqué. Les acheteurs attendent d'avoir une vision plus globale de la qualité française avant de se positionner ».
Cavac (85) - Christophe Vinet, directeur céréales. « Des taux de protéines entre 10,5 et 10,8 pour le blé »
« La moisson des orges et des colzas est terminée. Les résultats sont « moyens à bons » pour l'orge (70 q/ha de moyenne) à « très passables » pour le colza, de 23 à 27 q/ha. Pour ce dernier, nous avons eu de très bonnes surprises mais surtout, beaucoup de mauvaises, proches des 20 q/ha. Après plusieurs mauvaises années, certains agriculteurs se posent même la question de cet oléagineux dans leur assolement ! En blé tendre, les rendements sont bons, à très bons, surtout dans les terres séchantes. La moyenne oscillerait entre 70 et 75 q/ha. Côté protéines, c'est la déception avec une moyenne de 10,5 à 10,8 : un taux qui pose des problèmes pour exporter vers les pays tiers. Si la pluie a lessivé l'azote, les limites réglementaires posent également de sérieuses questions. Pour le blé dur, rendement et qualité affichent des résultats « moyens » ».
Dijon Céréales (21) - Didier Quintard, responsable communication. « Craintes pour la qualité des blés tendres »
« Nous accusons un retard global d'environ trois semaines par rapport aux autres années. La récolte des orges d'hiver s'achève en Côte-d'Or. Les rendements (60 q/ha) sont en recul d'environ 5 q par rapport à 2012. Le taux de protéines est lui aussi en recul mais le calibrage et le PS sont supérieurs à 2012. C'est seulement le début pour les orges de printemps. Près de 15 % des blés prévus par la coopérative ont été récoltés, dans la Plaine Dijonnaise et le Val de Saône essentiellement. Les rendements sont très corrects à l'exception des secteurs qui ont été inondés (Val de Saône). Les qualités se confirment, avec des protéines de bons niveaux et des PS en moyenne de 78 à 80. A peine 20 % des colzas sont collectés : les rendements sont hétérogènes, de 20 à 40 q/ha ».
Cal (54) - David Porte, responsable céréales. « L'avenir du colza en question »
« La collecte des orges est terminée et le bilan est décevant : 5 q de moins que les prévisions pour une variété comme Estérel qui atteint les 55 q/ha. Selon les sols, les résultats vont de 40 à 80 q : les terres séchantes décrochant les plus gros scores. La qualité et le calibrage sont corrects. Déception aussi pour le colza. Après avoir retourné un tiers des surfaces en sortie d'hiver, les agriculteurs récoltent aujourd'hui des parcelles avec 15 à 35 q/ha de rendement, pour une moyenne qui devrait avoir du mal à atteindre les 25 q/ha. L'avenir du colza est en question dans bon nombre d'exploitations après plusieurs campagnes difficiles pour cette culture. Les surfaces de tournesol ont quant à elles été multipliées par deux. La récolte des blés commence à peine. La collecte globale de la coopérative risque d'être amputée par des prélèvements des éleveurs aussi bien en orge qu'en maïs grain pour reconstituer leurs stocks de fourrages ».
Cap Seine (76) - Antoine Dennetière, responsable d'exploitation. « Les moissons débutent à peine »
« Seule la collecte des escourgeons a débuté vers le 20 juillet dans la zone la plus au Sud, dans l'Eure, et les colzas commencent à peine à être récoltés. Nous n'accusons finalement qu'une semaine de retard : la vague de chaleur de juillet a réduit l'écart auquel nous nous étions de toute façon préparés ».