« Adhésion à Sodiaal, garantir un meilleur prix pour nos éleveurs », Stéphane Coyas, DG d’Altitude
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La coopérative Altitude, située à Aurillac (Cantal) et présente en Auvergne-Rhône Alpes, Nouvelle Aquitaine et Occitanie, adhère désormais à Sodiaal, annoncent les deux structures le 5 novembre 2024. Cette adhésion conforte l’ancrage territorial dans le Massif central de Sodiaal et sécurise l’approvisionnement en matières laitières, notamment en lait AOP du Massif central, au profit des fromageries de St Mamet, St Flour et Lanobre, selon les deux structures. Stéphane Coyas, directeur d’Altitude, répond aux questions de Référence agro.
Expliquez-nous le lien juridique qui unit désormais Altitude à Sodiaal ?
Altitude est une coopérative, comme Sodiaal, et nous avons évolué de simples partenaires commerciaux à adhérent à part entière. Nous étions en discussion avec Sodiaal depuis plusieurs mois : l’accord a été scellé au Sommet de l’élevage, qui s’est tenu du 7 au 10 octobre 2024 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
Concrètement, pour rejoindre Sodiaal en tant qu’adhérents, nous apportons du capital conformément à leur statut, dont nous ne communiquons pas le montant. Cet apport est financé par nos activités, issues de la collecte de lait auprès de nos 400 éleveurs.
En devenant adhérents, nous bénéficions désormais des mêmes droits que les autres coopérateurs : nous pourrons toucher une part des résultats redistribués aux membres en fonction de l’évolution du prix du lait, quand les performances financières sont bonnes. Cela nous permettra de garantir un meilleur prix pour nos éleveurs. Chaque euro compte pour eux, et cette redistribution est essentielle pour soutenir leur activité.
De plus, en bénéficiant de la même ressource sur le prix de Sodiaal, nous évitons toute distorsion de concurrence dans notre zone de collecte, où 40 % du lait vient de nos éleveurs. Cette démarche vise à consolider notre ancrage territorial en assurant une stabilité des prix à nos producteurs.
Quel est l’historique de votre partenariat avec Sodiaal ?
Notre partenariat avec Sodiaal remonte à 2014. Nous leur livrons aujourd’hui un peu plus de 100 millions de litres de lait sur les 120 millions que nous collectons au total. Cette relation est née lorsque Sodiaal a racheté les Fromageries Occitanes, que nous fournissions déjà à l’époque. Notre objectif commun a toujours été de consolider notre filière et d’apporter de la visibilité à nos producteurs, une demande essentielle de leur part.
Quelle est votre réaction aux annonces de Lactalis de réduire la collecte de lait ?
Je ne commente pas habituellement les décisions d’autres entreprises, mais j’avoue avoir trouvé cette annonce de Lactalis assez brutale. Pour moi, cela ne correspond pas à l’esprit coopératif. Dans le privé, les décisions sont prises unilatéralement par les actionnaires. Dans une coopérative, chaque adhérent a une voix et participe activement aux choix stratégiques ; cela reflète une gouvernance collective où chaque membre a son mot à dire. C’est une approche fondamentalement différente.
Quels sont les grands défis à venir pour Altitude ?
Nous nous battons depuis longtemps pour valoriser l’origine de nos produits, en particulier l’origine France. Nous souhaitons que cette traçabilité soit appliquée à tous nos produits, et nous faisons partie des coopératives engagées pour y parvenir. Dans le contexte actuel, nous ressentons un mécontentement général qui est, selon moi, tout à fait légitime. Notre objectif principal est de défendre la « ferme France ». Nous opérons sur un territoire, le Massif central, où la production agricole reste viable, que ce soit pour la viande, le lait, le fromage et tous les produits locaux que nous continuons de produire ici.