Adopter les bonnes règles de stockage du grain

Alors que la moisson est désormais bien engagée, les organismes stockeurs doivent refroidir le grain pour maintenir sa qualité et limiter la présence de ravageurs. Pour optimiser au mieux les installations, le centre de formation agricole Asfona et l’entreprise de conseil Technigrain, ont rappelé les bonnes pratiques, lors d’un webinaire organisé le 13 juin. « Nous sommes dans un virage multidimensionnel : réglementaire et sociétal, avec le « sans insecticide », énergétique et climatique avec des nuits de moins en moins fraîches, expliquait d’entrée Maud Mathie, fondatrice de Technigrain. Comment, dans un tel contexte, optimiser le système de refroidissement ?  En mettant en place les bonnes pratiques de stockage. Voici les éléments clés à retenir :

- Préparer les installations :

• Nettoyer les grains, l’intérieur des cellules mais aussi toutes les zones de rétention du grain (la gaine de rétention, les gouttières, la boite de chute ) pour limiter le développement des insectes.
• Réparer le matériel abîmé… il est conseillé de réaliser des rondes de surveillance et de maintenance préventive avant le début de la moisson.

- Connaître ses installations :

• Vérifier si un ventilateur fonctionne correctement : vérifier le sens de rotation, s’il y a un bruit anormal au démarrage, en vitesse de croisière et à l’arrêt.
• Regarder le débit d’air et la pression du ventilateur ainsi que l’étanchéité du refoulement pour limiter les fuites. Il doit fonctionner dans sa zone de rendement optimal, et être bien dimensionné pour l’installation.

- Piloter le refroidissement des grains :

• Surveiller la température et déclencher le refroidissement au bon moment avec un thermostat par ventilateur ainsi qu’une sonde d’air ambiant au nord sous abri.
• Établir «  une vraie stratégie du stockage du grain » en adaptant sa pratique aux céréalex / oléagineux stockéx

De moins en moins de créneaux pour refroidir

Avec des étés de plus en plus chauds en raison du changement climatique, l’optimisation des installations est un enjeu central. C’est aussi le constat d’Amélie Tanguy, ingénieure au pôle stockage du grain à Boigneville :

« L’offre climatique est le nombre d’heures où la température est inférieure au seuil de déclenchement des ventilateurs. Des calculs ont été réalisés pour la France, grâce à 200 stations météo, sur 40 ans, entre 1980 et 2020. L’offre climatique accuse une baisse entre 7 à 12 %. Nous avons aussi réalisé des projections à moyen-terme (2040-2060) de l’offre climatique, avec 11 stations dans les départements céréaliers. Résultat : l’offre climatique baisse entre 15 et 45 % par rapport à 1975-2005 (en fontion des scénarios du Giec). Nous continuons d’approfondir ces travaux ».

Pour s’adapter à ce changement, deux points supplémentaires :

• Ventiler plus rapidement : en augmentant le débit du ventilateur, en étant au plus proche de l’offre climatique pour profiter de chaque moment favorable, en contrôlant la température du grain pour ventiler assez mais pas trop.
• Limiter le réchauffage de l’air en limitant les pertes de charges : ventiler du grain propre et trié facilite le passage de l’air, avec les diffuseurs d’air adaptés et performants et pas des tuyaux de drainage, avec un ventilateur fonctionnant en zone de rendement optimal.