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Agri Confiance, Ferme France… marques et labels ont fait salon

Le | Cooperatives-negoces

Le Salon de l'agriculture fut l'occasion pour bon nombre de démarches « responsable », « équitable », « durable », « territoriale »… de s'exposer et ainsi, mieux se faire connaitre auprès des 670 000 visiteurs de l'édition 2018. Le monde de la distribution reste au cœur de la plupart de ces initiatives. Avec pour objectif principal : valoriser les efforts des agriculteurs en matière de bonnes pratiques. Si Ferme France souhaite « fédérer pour simplifier », Agri Confiance veut renforcer son niveau d'exigence. D'autres initiatives avancent des « zéros pesticides », ou « zéro résidus de pesticides » quand d'autres prônent des « filières à bas intrants ». Difficile parfois de s'y retrouver.


La Salon de l'agriculture reste célèbre pour ses animaux et ses produits du terroir. Mais de plus en plus, sur les stands des groupes alimentaires, des slogans marketing annoncent laver plus blanc que blanc. Certes, il y a les labels et marques, censés rassurer et guider le consommateur dans ses achats. Au vu des multiples allégations environnementales, nutritives ou sanitaires, difficile parfois de s'y retrouver.

Comparer les produits sur le principe de l'étiquette énergie

C'est précisément pour « simplifier et gagner en visibilité auprès des consommateurs » que le concept « Ferme France » a été lancé le 7 février à l'initiative d'Advitam et de Terrena, aux côtés de Fleury Michon, de Sodebo et d'Auchan. « Beaucoup de marques développent leur propre signature « durable », mais chacun le fait avec des critères différents, explique Maximilien Rouer, directeur de Ferme France (photo). Notre idée, c'est de créer une grille de lecture unique, agglomérant tous les critères de durabilité et toutes les productions, en nous inspirant de ce qui existe pour les appareils électroménagers. Bâtir, pour les produits alimentaires, un indicateur simple de durabilité, allant de 1 à 100. Les étiquettes des produits issus des filières lait, poulet et céréales devraient être présentées au SIA 2019. »


Intégrer tous les produits français dans Ferme France

Pour que cela fonctionne, tout le monde doit jouer le jeu. Ferme France a surtout l'ambition d'intégrer tous les produits français, y compris ceux qui ne découlent pas de filières bénéficiant de labels ou de signes de qualité. « Tous les agriculteurs verront leur production notée, poursuit-il. L'occasion de mettre en avant ceux qui travaillent bien, même s'ils n'appartiennent pas à une démarche organisée et balisée ». Maximilien Rouer reconnait que « beaucoup de marques arrivaient sur le stand de Ferme France avec prudence, craignant que cette nouvelle signature « durable » soit susceptible de noyer le consommateur. « Je leur ai expliqué que c'était l'inverse ».


Ferme France et Agri Confiance ont échangé

Maximilien Rouer a par exemple rencontré Philippe Sommer, directeur d'Agri Confiance. Une certaine concurrence entre les deux marques ? « Pas du tout, confie Philippe Sommer, bien au contraire. Ferme France permettra de valoriser le travail des coopératives engagées dans Agri Confiance. Quelle que soit la démarche suivie, le premier travail est de tenir la promesse faite au consommateur : qu'elle le soit en matière d'environnement, de réduction des pesticides, de bien-être animal ou de responsabilité sociétale… Il faut faire ce que l'on dit ».


Agri Confiance renforce ses exigences

Au salon, Agri Confiance l'a fait savoir : elle veut changer de braquet. Pour cette marque, lancée dans les années 90, l'enjeu est d'hausser le niveau d'exigence de ses cahiers des charges. Comment ? En les rendant plus sélectifs, en intégrant par exemple la RSE, en ajoutant des critères de bien-être animal… « pour conforter notre crédibilité et attirer de nouvelles coopératives, précise Philippe Sommer (à droite sur la photo). Ce travail de fond va être mené en 2018. Objectif : atteindre les 100 adhésions fin 2019, contre 65 aujourd'hui. Le cahier des charges va être revu pour homogénéiser les pratiques d'une coopérative à l'autre ». Plusieurs niveaux peuvent être atteints comme celui de la norme NF V01-005 pour le volet qualité et la norme NF V01-007 pour l'environnement. Pour atteindre ses objectifs, Agri Confiance a fait peau neuve côté organigramme depuis un an : nouveau tandem président-directeur (Christophe Grison - à gauche sur la photo - et Philippe Sommer), recrutements sur les volets qualité (Inès Ducongé) ainsi que développement et communication (Sarah Slous).


Un label breton « sans pesticides, 100 % nature »

Les producteurs de fruits et légumes ont également fait parler d'eux, à l'image de deux initiatives. Tout d'abord celle des producteurs bretons de fruits et légumes Savéol, Prince de Bretagne et Solarenn qui ont annoncé, le 26 février, la création d'un label « sans pesticides, 100 % nature », d'ici à 2019. Le président de Savéol, Pierre-Yves Jestin (ci-contre), expliquait que la rédaction du cahier des charges était en cours afin « d'ouvrir un label régional mettant en avant les bonnes pratiques de la production bretonne ». Les enjeux sont ambitieux : représenter 40 à 50 % des 200 000 tonnes de tomates bretonnes dès 2019 puis étendre cette démarche à d'autres fruits et légumes. Le label prendra la forme d'un logo apposé sur les emballages des trois marques.


« Zéro résidus de pesticides », une troisième agriculture ?

Autre démarche, le label « zéro résidu de pesticides » lancé par le collectif « Nouveaux champs » le 7 février dernier et développé lors d'une conférence de presse le 26 février. Ce collectif rassemble aujourd'hui 21 membres, soit plus de 2 000 producteurs et près de 10 % de la production nationale de fruits et légumes. Mais Gilles Bertandias, le président du collectif, le confiait lors du salon : « nos ambitions ne s'arrêtent pas là. Des discussions sont en cours avec une trentaine d'autres entreprises ». En 2018, la production devrait porter sur un volume de 30 000 tonnes de fruits et légumes variés, vendus préemballés pour éviter tout risque de mélange avec le conventionnel. Pour ce collectif, « le « zéro résidu de pesticides » s'affirme comme la troisième voie entre l'agriculture conventionnelle et l'agriculture biologique ».