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Alpesud et GPS dévoilent leur projet d’union

Le | Cooperatives-negoces

Après plusieurs tentatives ces vingt dernières années, les coopératives Alpesud et Groupe Provence Services (GPS) sont bien décidées à faire aboutir leur nouveau projet d’union. En fin d’année, ce dernier sera soumis aux deux assemblées générales pour une création effective au 1er janvier 2021. Les directeurs des deux entreprises, Didier Marie pour GPS et Richard Sauvat pour Alpesud, nous dévoilent l’enjeu de ce rapprochement, basé sur les complémentarités des deux partenaires et la quête de valeur pour les agriculteurs du territoire.

Alpesud et GPS dévoilent leur projet d’union
Alpesud et GPS dévoilent leur projet d’union

« Ce projet d’union flotte dans l’air depuis une vingtaine d’années, concède Richard Sauvat, directeur général d’Alpesud (05), à gauche sur la photo. Plusieurs tentatives ont échoué par le passé. L’arrivée de Didier Marie à la direction de GPS en août 2019 a donné un nouvel élan à ce projet. Nos conseils d’administration constatent, et subissent, la même évolution rapide du contexte agricole avec une demande de plus en plus affirmée des clients de l’aval et des citoyens ». En parallèle, poursuit Didier Marie, « nos adhérents doivent faire face à de nombreux aléas, notamment climatiques. Leur métier évolue, le nôtre aussi. La digitalisation, la réglementation, la perte de surfaces agricoles nous poussent à repenser nos activités, à développer de nouvelles filières pour apporter du revenu et de nouveaux services à nos adhérents ».

Miser sur les complémentarités

Tous deux expliquent que la création de cette union permettra de mutualiser les compétences humaines, les outils, les moyens, d’être plus forts à deux. « L’enjeu est de miser sur nos complémentarités, à commencer par la richesse de nos territoires, aux multiples productions », précise Richard Sauvat. De taille similaire, 25 M€ de chiffre d’affaires chacune, ces deux coopératives sont engagées dans les mêmes métiers, à l’exception de la jardinerie, présente seulement chez Alpesud. Cette dernière est également plus « marquée » alimentation animale, contrairement à GPS, davantage axée sur les semences. La future union pèsera donc 50 M€ de chiffre d’affaires pour une collecte de 40 000 tonnes. « Avec l’envie d’accroitre la part dédiée au bio, précise-t-il. De 10 % aujourd’hui, les tonnages bio collectés devraient rapidement passer à 20 % ».

Structurer des filières de qualité

La stratégie de la future union commence à se dessiner autour de plusieurs axes. « L’une des priorités sera l’adhérent, confirme Richard Sauvat. L’idée est de préserver la proximité, de conserver un outil à taille humaine, tout en apportant aux agriculteurs des solutions innovantes et en structurant des filières de qualité, notamment à l’échelle locale ». Les administrateurs des deux entités ont aussi exprimé l’envie de renforcer les partenariats, « notamment dans l’aval, indique Didier Marie, avec pourquoi pas la prise de participation dans des outils de transformation. »

Innover et être à l’écoute

L’innovation devrait également être un pilier fort de la stratégie. « Nous nous appuierons entre autres sur notre entreprise de conseil, d’expérimentation et d’innovation Raison’Alp, afin de travailler sur la mise en place de nouvelles pratiques », précise-t-il. L’enjeu est aussi d’être encore plus au contact de la société, d’échanger avec des associations de consommateurs. Les deux coopératives ont étudié, avec attention, le rapport de la Convention citoyenne sur le climat. « Si nous ne sommes pas capables de mettre ces enjeux au cœur de notre plan stratégique, nous allons dans le mur », insiste Didier Marie.

Observer la concurrence

L’union a-t-elle vocation à rester seulement sur les départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes ? « Pas sûr, confie Didier Marie. Nous regardons les opportunités de croissance. D’autant plus que la concurrence a évolué fortement ces derniers temps sur nos secteurs. L’implantation d’un dépôt de la CAPL à Manosque a bousculé et déstabilisé la concurrence, pourtant saine et loyale depuis des années sur le territoire ». Le maillage concurrentiel est présent, tant en coopératives qu’en négoces. « L’idée de cette union est aussi de montrer que nous sommes bien présents, qu’il faudra composer avec nous pour l’avenir », confirme Richard Sauvat.

Nouveau nom, nouvel organigramme

Le projet d’union sera soumis au vote en assemblées générales des deux coopératives en fin d’année pour une création prévue le 1er janvier 2021. Date à laquelle seront communiqués le nom de cette union et le nouvel organigramme. « La gouvernance sera à parité entre chaque coopérative, avec un directeur général issu de l’une et le président de l’autre », précise Richard Sauvat. « Nous allons transférer tous les cadres des deux coopératives dans l’union ainsi que les métiers supports, poursuit Didier Marie. En revanche, les métiers de terrain resteront au sein de chaque structure. Nous avons besoin de créer une nouvelle culture d’entreprise, et pour cela, nous allons faire travailler nos cadres et nos équipes ensemble. »

Unions d’appro : évolution à venir

Au 1er janvier, une politique commerciale et tarifaire commune sera également mise en place. Une stratégie qui devrait apporter quelques évolutions aux organisations actuelles : les deux coopératives étant membres d’unions d’appro différentes (UNISUD pour GPS et Inter’appro pour Alpesud). Évolution à venir également pour les unions de commercialisation : Alpesud étant liée à BioSudEst pour le bio et GPS à Grain de Soleil. À n’en pas douter, cette union n’est qu’une première étape dans l’avenir de ces deux coopératives.

L’union GPS-Alpesud en chiffres

  • 50 M€ de chiffre d’affaires
  • 40 000 tonnes de collecte
  • 3000 adhérents
  • 12 dépôts (8 d’Alpesud et 4 de GPS)
  • 10 silos de collecte (6 de GPS et 4 d’Alpesud)
  • Une station de semences
  • Une station d’engrais de mélange

Anne Gilet et Julia Landrieu