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Arterris compte « redonner du sens à l’acte de production »

Le | Cooperatives-negoces

Conscient du recul des surfaces agricoles sur son territoire, le groupe Arterris compte inverser la tendance. Comment ? En mettant en place de nouvelles productions, rémunératrices, via des contrats tripartites pour alimenter un marché local. Sont concernés les céréales mais aussi les légumes, le riz, les amandes… sans oublier les productions animales.

Arterris compte « redonner du sens à l’acte de production »
Arterris compte « redonner du sens à l’acte de production »

« Entre 2010 et 2020, la région Occitanie a perdu 110 000 ha de céréales et d’oléo-protéagineux, dont 96 000 ha de blé dur, introduisait Jean-François Naudi, président d’Arterris, à l’occasion d’un point presse le 9 février. À la place, des prairies et des jachères. Notre territoire s’appauvrit. Il est de notre devoir d’inverser la tendance en valorisant l’acte de production, en nous appuyant sur l’innovation, le travail en filières et en soutenant les moyens de production, à commencer par l’accès à l’eau. Sans production, il n’y a pas d’économie à l’échelle du territoire. C’est un vrai enjeu de souveraineté alimentaire. »

Doubler les productions sous contrat en blé dur et blé tendre

Pour inverser la tendance, Arterris mise sur le déploiement de productions locales, de qualité, en batissant des contrats tripartites entre les agriculteurs, la coopérative et des industriels. Et de citer Panzani avec qui le groupe contractualise déjà 15 % de ses blés durs en démarche Blé Responsable Français ou la filière CRC pour 1/3 de la collecte de blé tendre. Sur ces deux créneaux, le groupe compte doubler les volumes. Autres projets : doubler les surfaces de sorgho peu gourmand en eau ou augmenter celles de pois chiches, de lentilles et de haricots en misant sur des contrats de filière pour réguler les prix.

Acheter du riz français, un acte solidaire

« Nous devons trouver des solutions pour pallier les handicaps de notre région et, à l’inverse, profiter de nos atouts, insistait Christian Reclus. La culture du riz a ainsi toute sa place. Mais pour que la recherche investisse sur ce créneau, notamment en matière de désherbage, il faut des surfaces. Arterris reste le premier producteur de riz de Camargue. Nous souhaitons communiquer encore davantage sur la marque française Vivien Paille, pour faire comprendre aux consommateurs qu’acheter du riz français, c’est un acte solidaire. »

Recruter de nouveaux producteurs de légumes… et des éleveurs

Le groupe compte également augmenter ses volume en légumes frais, carottes, navets, asperges, pour là encore, alimenter un marché local. « Cela passera par le recrutement de nouveaux producteurs », concède le directeur général. Même démarche pour l’amande, « aux vertus identiques à celles des cultures pérennes » : la mise en place d’une organisation de producteurs devrait être actée d’ici à la fin du premier trimestre 2023 et les travaux d’une casserie, engagés au deuxième trimestre.

Bâtir des filières rémunératrices

Où trouver les hectares pour assurer le déploiement de toutes ces productions ? « Les hectares existent, précise Christian Reclus mais ne sont pas cultivés pour l’instant faute d’une rentabilité suffisante. À nous de redonner du sens à l’acte de production en réactivant les outils, via des filières suffisamment rémunératrices. » Arterris ne cache pas non plus ses ambitions pour les filières de productions animales pour « répondre aux besoins du marché local ». Cela concerne notamment des filières sous label comme le canard gras IGP, le bœuf Occitali ou la consolidation de l’OP Agneaux sous la mère.

Inquiétude pour l’exercice à venir

L’un des autres enjeux soulevé par le directeur général est la maîtrise de la facture énergétique. « Si on ne fait rien, 60 % de notre EBE peuvent être gommés par l’envolée du prix de l’énergie, soit près de 10 M€. Nos entreprises n’ont aucun soutien du gouvernement. Cela ne peut passer que par la hausse de nos marges. » Même si la situation financière du groupe reste bonne, Christian Reclus se dit inquiet pour l’exercice à venir. « Ce sera certainement le pire des 30 dernières années. En cause, la plus mauvaise récolte en céréales, en semences, un recul constant des élevages… En bovins par exemple, ces 20 dernières années, nous avons perdu entre 15 et 20 % du cheptel. »

Arterris en chiffres

  • Chiffres d’affaires : 1,2 Md€
  • CA du pôle agricole : 738 M€, contre 600 M€ un an plus tôt
  • CA du pôle agroalimentaire : 409 M€
  • CA du pôle distribution : 56 M€