Benjamin Top, directeur opérationnel de Cer’Est - « Introduire une 4è culture dans la rotation devient indispensable »
Le | Cooperatives-negoces
Depuis deux campagnes, la collecte de colza diminue dans l'Est de la France. Face à ce constat, Cer'Est - l'unité de commercialisation commune à la CAL (54) et à EMC2 (2) - travaille à l'introduction de nouvelles cultures au sein de la rotation. Benjamin Top, le directeur opérationnel, nous explique pourquoi et nous dévoile les pistes de recherche.
Pourquoi développer de nouvelles cultures sur votre zone d'activités ?
Cette année, Cer'Est va, en colza, commercialiser la moitié du volume d'une campagne normale (1). En cause ? Deux années climatiques difficiles et de gros soucis de désherbage qui obligent les agriculteurs lorrains à opter pour d'autres têtes de rotation. Nous devons sortir de l'assolement classique colza-blé-orge : nos adhérents doivent le comprendre. Introduire une quatrième culture devient un impératif. Un challenge d'autant plus réalisable qu'à l'export, notre région bénéficie d'une position géographique extrêmement favorable : nous devons en profiter.
Quelles sont vos pistes de travail ?
Depuis quatre ans, la CAL et EMC2 travaillent sur de nouvelles espèces. Le créneau du lin oléagineux, bâti autour de la filière bleu-blanc-cœur il y a deux ans (voir notre lettre du 8 juillet), fonctionne bien mais reste étroit. Le tournesol apparait lui aussi comme une culture intéressante. Ses surfaces ont d'ailleurs beaucoup augmenté ces dernières années. Elles ont été multipliées par sept en trois ans. Mais les problèmes d'humidité, rencontrés à la récolte si les conditions climatiques ne sont pas favorables, peuvent constituer un frein. Autres pistes de travail : les protéagineux, comme les féveroles et le pois, le blé dur, le sorgho, le maïs grain, les blés améliorants, le soja, les plantes sarclées… Mais nous butons à chaque fois sur un problème : agronomique, de qualité ou de débouché.
Quelle est donc la solution qui vous semble la plus appropriée ?
En fait, il n'existe pas de solution clé-en-main pour cette quatrième culture, du fait des conditions pédo-climatiques de la région. Le choix de cette nouvelle culture devra être adapté à chaque exploitation : ce qui complique évidemment beaucoup la tâche des OS. D'autant que pour mettre en place des filières logistiquement et économiquement viables, nous devons travailler sur des volumes limités, avec des cahiers des charges précis pour répondre aux besoins des clients, avec une garantie de valeur ajoutée pour l'agriculteur. Notre raisonnement doit être similaire à celui de la filière maïs en Alsace avec des entreprises de transformation bien implantées localement, semouleries, amidonneries, ou à celui du Bassin Parisien avec des cultures « contractuelles » comme pour la pomme de terre ou la betterave.
(1) Cer'Est commercialise un volume de 1,4 Mt de céréales et oléagineux