Biocontrôle, l’écueil de la séparation vente conseil
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Que d’encre coule… ou doit-on plutôt dire que de tweets envoyés, sur ce "point de détail", ramenant les solutions de biocontrôle dans le giron de la séparation et de la vente de produits phytosanitaires, au motif que ce sont justement des produits phytosanitaires avec AMM, hormis ceux qui font l’objet d’une fiche CEPP. IBMA s’en était déjà inquiétée IBMA-france-sinquiete-de-la-future-separation-conseil-vente/" target="_blank">en décembre dernier.
La Tricherie exprime son désarroi
Lors des sixièmes rencontres du biocontrôle organisées à Paris le 21 janvier, Baptiste Breton, co-directeur de la coopérative la Tricherie (Vienne) est venu témoigner de son expérience dans l’utilisation des produits de biocontrôle. Il n’a pas manqué d’exprimer son désarroi. Sa coopérative est engagée dans la démarche HVE et la valorise auprès de sept clients dont le GIE CRC. Elle a été la première à faire certifier quatorze exploitations de grandes cultures en HVE. Cette démarche est clairement un moteur pour accélérer l’appropriation de solutions comme le biocontrôle : « si on produit mieux, derrière on est mieux rémunéré », expliquait-il. Mais cette dynamique pourrait être fragilisée. « Si l’ambition du gouvernement est d’augmenter l’utilisation de produits de biocontrôle, ramener ces solutions dans le giron de la séparation du conseil et de la vente serait un coup d’arrêt à leur développement. »
Et aussi un coup dur pour les filières de qualité. « Nous devons répondre à un cahier des charges strict, poursuit-il. Si nous conseillons uniquement, quels seront les liens avec les cahiers des charges qui ont des exigences précises sur les produits phytosanitaires ? (…) De plus, je ne facture pas assez cher le conseil pour réussir sur ce dossier (…). Nous attendons les textes de loi pour savoir comment les considérer. Comment pourrons-nous produire en conformité avec deux interlocuteurs et qui va vérifier ? Je suis inquiet. »
Pas assez de conseillers indépendants
Dans la salle, Luc Truchon, directeur technique et environnement de la CSGV (Coopérative du syndicat général des vignerons) en Champagne n’a pas caché non plus son inquiétude sur l’accompagnement du biocontrôle sur le terrain : « Même si on forme des conseillers indépendants, il n’ y en aura pas assez. Notre coopérative conduit des essais en biocontrôle, nous sommes en contact avec les plus grands comme les plus petits viticulteurs. Si le réseau des 30 000 fermes est effectivement un fer de lance pour aller plus vite, il ne touche qu’une petite partie des professionnels. » Sandrine Hallot de la FNA a quant elle interpellé les pouvoirs publics sur le rôle des coopératives et des négoces, actuels partenaires du réseau des 30 000 fermes Dephy, si elles choisissent la vente.
Mon meilleur partenaire ? Mon distributeur
Philippe Rothberber, arboriculteur et viticulteur en bio, participant à la table ronde, a d’ailleurs expliqué que pour utiliser le biocontrôle, son meilleur partenaire a été son distributeur.
Même inquiétude pour les firmes : « Comment s’organiser, nous savons que l’enjeu d’accompagnement est fondamental, alors s’il faut que nos structures mobilisent deux fois plus de temps sur cette mission, ce ne sera pas possible », a expliqué Ronan Goff, vice-président d’IBMA et directeur de CERTIS.
Pour les distributeurs qui choisiront la vente, la réponse pourrait en partie se trouver du côté des les solutions de biocontrôle qui font l’objet de fiches CEPP.