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Biocontrôle, les conseillers demandent du pragmatisme pour s’approprier les solutions

Le | Cooperatives-negoces

Avec 505 produits autorisés en France au 26 septembre, dont 353 substances naturelles, 48 médiateurs chimiques, 94 micro-organismes et 10 pièges, le biocontrôle gagne du terrain. Les attentes restent fortes de la part des professionnels agricoles. Les résultats d’une enquête sur le sujet ont été présentés par Bayer lors du colloque « Ensemble, réussir le biocontrôle », qui s’est tenu à Paris le 1er octobre.

Des pronostics optimistes pour le marché du biocontrôle

La majorité des 121 personnes interrogées estiment que d’ici à 2025, ces spécialités pourraient représenter 20 % du marché de la protection des plantes, alors que l’Association française des entreprises de produits de biocontrôle (IBMA) vise 15 % au même horizon et 30 % d’ici à 2030, contre 8 % aujourd’hui. Le panel de l’étude est constitué de 57 % de coopératives et de négoces, de 15 % de chambres d’agriculture, 13 % d’instituts techniques, 8 % d’organisations de producteurs, etc. Ces structures sont principalement issues des cultures spécialisées, la vigne en tête (1).

Des pistes de développement identifiées

Les leviers (ou facteurs) pour déployer l’utilisation de ces solutions mis en avant lors de cette enquête portent sur :

  • la clarification de l’offre technique (24 %),
  • la facilité de l’emploi (20 %),
  • la formation des agriculteurs (14 %),
  • l’évolution de la réglementation avec la suppression de solutions conventionnelles (14 %).

La reconnaissance sociétale est aussi citée par 11 % d’entre eux. Avec, à la clé, la valorisation des efforts réalisés par les agriculteurs. Les attentes en formation portent pour 41 % des professionnels sur le positionnement du produit, pour 34 % sur le mode d’action, pour 16 % sur l’efficacité et pour 14 % sur les règles de choix du biocontrôle.

Des attentes pour plus d’expérimentation en amont des AMM

Quant à l’accompagnement demandé aux firmes, il est en priorité en amont du lancement du produit : « Mettre à disposition pendant trois ans le produit pour l’expérimenter, avant le dépôt du dossier en vue de son AMM » ressort comme la première attente de l’enquête (71 %). Cette période d’appropriation et d’évaluation de la technologie doit se dérouler dans les conditions réelles, sur des grandes surfaces. « Dans ce cas, le levier de non-destruction des récoltes est important, souligne Audrey Ossard, chef marché biocontrôle de Bayer, le pragmatisme doit primer. »

Xavier Langlet, expert national agriculture biologique et biocontrôle à la Direction générale de l’alimentation (DGAL), invité à exposer la réglementation du biocontrôle, accueille favorablement cette idée d’expérimentation à plus grande échelle : « Il faut être modeste et réactif. Avec le biocontrôle, on apprend en marchant. » La formation avec un plan sur 2 à 3 ans est en deuxième position (62 %), puis le recours aux OAD (45 %) et le partage d’expérience (40 %).

Acceptation sociétale, enjeu aussi pour le biocontrôle

Ces produits s’adressent en priorité aux agriculteurs engagés dans des démarches de qualité de type Haute valeur environnementale (HVE), ou sous cahiers des charges, avec des enjeux résidus ou lorsque la pression des bio-agresseurs est faible.

Une interrogation porte sur l’acceptation par la société civile, au point d’interpeller les pouvoirs publics. Appliquer du biocontrôle revient à sortir aussi le pulvérisateur avec bien plus de passages. Comment vont réagir les riverains ? Et comment vont être perçus les produits qui contiennent des micro-organismes ? Audrey Ossard suggère de prendre les devants, via une campagne de communication forte du ministère de l’Agriculture dans les médias, notamment la télévision. L’aspect communication fait partie du plan national stratégique de déploiement du biocontrôle soutenu par le gouvernement dans le cadre des fiches actions. Reste la capacité à toucher directement les consommateurs.