Biosolutions, encore un déficit de connaissances dans la filière agricole
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Les acteurs des biosolutions se sont donné rendez-vous le 17 septembre à Paris dans le cadre d’une journée technique organisée par Rittmo-Agroenvironnement et le pôle de bioéconomie IAR (1) autour des « Nouvelles solutions de biocontrôle et biostimulation ». L’occasion pour les participants de faire le point sur les avancées règlementaires et technologiques de ces produits mais aussi de remonter les préoccupations du terrain.
Besoin d’outils pour positionner les produits
La distribution agricole manque parfois d’outils et de connaissances pour accompagner leur développement. « Ce qui ressort des utilisateurs, c’est le manque de stabilité de l’efficacité de ces produits, explique Céline Denis, de la coopérative Terrena. Il peut également y avoir des problèmes de stockage ou de mélange dans le pulvérisateur, ainsi qu’un manque de connaissance sur la compatibilité entre les produits. Nous aurions besoin d’outils pour mieux positionner les solutions, mieux comprendre le fonctionnement du sol, la pression maladie… ».
Un outil dédié aux biostimulants du colza
Pour répondre à ces attentes, Terres Oléopro travaille sur la construction d’un outil d’évaluation des biostimulants pour le colza. « Pour réussir la commercialisation de produits de biocontrôle, il est nécessaire de former toute la sphère autour de l’agriculteur et surtout l’agriculteur lui-même car c’est lui qui supporte le risque final », considère Ronan Kempf, directeur marketing et développement d’Agrauxine, fabricant de biostimulants et produits de biocontrôle.
Carrefour, à la recherche de partenaires pour ses filières
Le responsable estime que le développement de ces solutions passe par la mobilisation des filières. Lors de la table ronde, où étaient présents dix intervenants allant de la recherche à la grande distribution avec Carrefour, en passant par des fabricants et utilisateurs de biosolutions, il prend l’exemple de la filière banane des Antilles auprès de laquelle son entreprise commercialise ses produits. « Il n’y avait pas de demande de la filière alors qu’il existait sur le marché des biosolutions avec une efficacité équivalente au chimique pour un prix acceptable », rappelle le responsable. Dès que la filière a souhaité investir dans les produits de biocontrôle, ils se sont généralisés.
Carrefour veut pousser ce genre d’approches avec ses filières qualité. « Nous construisons avec les agriculteurs des itinéraires techniques prenant en compte le sol, la biodiversité et intégrant des produits de biocontrôle ainsi que des biostimulants, explique Océane Chat-Morteau, chargée de mission chez Carrefour. Les agriculteurs engagés avec nous testent des solutions de biocontrôle mais sont autorisés à recourir à des produits conventionnels en dernier recours, en cas de risque ». Un des freins ? « Nous cherchons des porteurs de solutions, mais nous ne vous connaissons pas », a précisé Océan Chat-Morteau aux distributeurs et fournisseurs présents. Avis aux intéressés.
(1) L’IAR est le pôle français de la bioéconomie. Il rassemble plus de 380 adhérents, de l’amont agricole à la mise sur le marché de produits finis : coopératives agricoles, établissements de recherche et universités, acteurs privés et publics. Depuis 2005, l’IAR a soutenu plus de 270 projets pour un investissement total sur les territoires de plus d'1,7 milliard d’euros.