Bonne nouvelle, la plaine est belle !

De la Vendée à la Lorraine, du Gers à l’Oise, même constat : les cultures implantées à l’automne se portent bien. Certes l’hiver est loin d’être fini mais les difficiles conditions d’implantation ont le plus souvent été effacées par un début d’hiver clément. Les faux-semis ayant rarement pu être réalisés, la reprise de végétation risque d’être dynamique, également pour les mauvaises herbes. Chaque fenêtre climatique doit désormais être mise à profit pour désherber, si besoin.

Sans surprise, le colza affiche un net recul, jusqu’à - 50 % dans certaines régions. Une sole compensée en partie par une hausse des céréales d’automne. Mais l’orge de printemps, le tournesol et le maïs devraient également profiter de ces hectares libres. La betterave s’annonce comme l’une des grandes perdantes de cette campagne. Le tour en régions à la Cavac (85), chez COC (86), VAL DE GASCOGNE (32), Cal (54), Agora (60) et Acolyance (51).

Cavac (85) - Christophe Vinet, responsable de la collecte

« Les surfaces de tournesol, attendues en hausse de 10 % »

« En cette fin de mois de janvier, les cultures en place présentent très bien. L’excès d’eau du mois de décembre est désormais résorbé. Alors que les surfaces de colza ont diminué de plus de 50 % à la Cavac, soit 2 000 ha implantés cette année contre 4 500 ha les autres campagnes, la sole de blé tendre a quant à elle progressé de 5 %. Celle de blé dur recule de 10 %. Les agriculteurs se détournent de cette culture car le différentiel de prix entre le blé tendre et le blé dur n’est pas suffisant pour couvrir les risques supplémentaires en termes de mitadinage et de moucheture notamment. Pour les semis de printemps, nous misons sur une hausse de 10 % des surfaces de tournesol, une stabilité, voire un recul, du maïs et une baisse des surfaces fourragères…en lien direct avec le recul de l’élevage dans notre zone d’activité. »

Centre Ouest Céréales (86) - François Pignolet, directeur général

« Le potentiel du colza, attendu en hausse »

« Même si les surfaces de colza ont reculé de 50 % sur notre territoire, les cultures en place sont belles et le potentiel de rendement, attendu en hausse. Terres Inovia l’estime à près de 30 q/ha. Mais attention, rien n’est encore joué. Les orges ont profité des hectares laissés libres par le colza. Des orges d’hiver bien sûr, mais également des orges de printemps, semées au mois de novembre. Nous testons cette pratique au sein de la coopérative et les premières observations sont encourageantes. Pour la sole globale, les surfaces de blé tendre sont en hausse de 2 %. Celles de tournesol oléique et de maïs devraient également progresser. À ce jour, nous sommes assez confiants car la plaine est belle. »

Val de Gascogne (32) - Denis Mousteau, responsable collecte

« Maintien du maïs et du soja, recul du tournesol »

« Nous avons connu une belle progression des cultures implantées à l’automne, avec une hausse des hectares en blé et en orge, comprise entre 2 et 3 %. Les excès d’eau de ces dernières semaines n’ont pas permis de réaliser les premiers apports d’azote mais rien ne presse : les céréales se portent bien. L’implantation s’est réalisée dans de bonnes conditions, tout comme les désherbages à l’automne. Pour le printemps, nous attendons un fort recul du tournesol et un maintien des surfaces de maïs et de soja. »

Cal (54) - Philippe Hance, directeur céréales

« À quand une campagne normale ? »

« La campagne actuelle est conditionnée par les difficultés d’implantation du colza à l’automne dernier. Les intentions de semis étaient déjà en retrait de 20 %. Ajoutez à cela les parcelles non semées ou mal levées, et le recul du colza atteint, dans notre zone de collecte, près de 50 %. Pour compenser, du blé et de l’orge d’hiver ont été semés tardivement, mais difficile aujourd’hui d’estimer le potentiel de ces parcelles d’autant que les cultures sont sous la neige ! Après plusieurs années compliquées, nous nous demandons si celle-ci sera, enfin, favorable d’un point de vue climatique ! Les orges de printemps, le maïs grain et le tournesol devraient voir leurs surfaces progresser. En revanche, pois et soja sont attendus en baisse. Après une année catastrophique, le soja ne devrait pas dépasser les 300 ha. Quant au pois, c’est le retrait du marché de solutions chimiques pour venir à bout de la bruche qui détourne les agriculteurs de cette culture. »

Agora (60) - Guillaume Paepegaey, responsable collecte

« La betterave sera la grande perdante »

« Avec un recul des surfaces attendu entre 15 et 20 %, selon les secteurs et les sucreries, la betterave s’affiche comme la grande perdante de cette année. Pour le colza, le recul est de 10 % tandis que les blés tendres ont gagné entre 1 et 2 % des surfaces. Le maïs devrait regagner un peu de terrain, tout comme les orges de printemps. Certaines parcelles présentent dès à présent un net salissement, mais la problématique reste difficile à quantifier. En revanche, nous serons attentifs à l’apparition de viroses car les pucerons ont été très actifs à l’automne dernier dans les céréales. »

Acolyance (51), Frédéric Adam, responsable du service agronomique

« Les orges de printemps, attendues en forte hausse »

« Les céréales d’hiver sont en bon état. Les blés tendres semés précocement avaient accumulé du retard au démarrage à cause de la sécheresse, mais il est désormais quasiment comblé. Les semis plus tardifs sont plus beaux que l’an passé, donc pas d’inquiétude particulière. Les orges d’hiver aussi présentent bien. En colza, 5 000 ha n’ont pas pu être semés à cause de la sécheresse et environ autant devraient être retournés, sur les 32 000 ha habituellement semés à l’échelle de la coopérative. Les zones les plus touchées par les problèmes d’implantation se situent au sud de Laon. Ce recul a profité au blé tendre et devrait permettre une hausse des surfaces d’orge de printemps, de maïs et dans une moindre mesure du pois. La grande gagnante de ces semis sera sûrement l’orge de printemps, car les surfaces étaient déjà prévues en hausse, même sans les problèmes rencontrés en colza. »