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CEPP : une mise en place… à plusieurs vitesses

Le | Cooperatives-negoces

Si pour certains distributeurs, il est urgent d'attendre, pour d'autres au contraire, l'échéance de 2021 en matière de CEPP doit se préparer dès maintenant. A cette date, les entreprises vendant des produits phytosanitaires devront avoir accumulé la totalité de leurs certificats. Mais force est de constater que tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Si la viticulture, l'arbo et le maraîchage peuvent déjà bénéficier de plusieurs fiches actions, les grandes cultures se sentent de leur côté encore bien orphelines. Or sans solutions « officielles », difficile d'avancer. Le tout dans un contexte où la possible séparation du conseil et de la vente des phytos pose question. Les CEPP auront-ils toujours leur place ? Coopératives et négoces nous livrent leur point de vue.


A ce jour, 28 fiches actions ont été validées, principalement pour des solutions dédiées aux cultures spécialisées. « Nous sommes effectivement plutôt mieux lotis, confirme Claude Bizieux, directeur appro de la Coopérative d'approvisionnement (CAMN). En matière de CEPP, nous sommes déjà à 95 % de notre objectif pour 2021. En vigne, arbres fruitiers et légumes, les alternatives aux produits phytos existent, notamment avec des solutions de biocontrôle : substances naturelles (produits soufrés, phosphate de potassium, huile paraffinique…), phéromones, microorganismes… Nous utilisions déjà ces spécialités mais avons amplifié l'accompagnement de nos producteurs pour les inciter, progressivement, à développer l'emploi de ces solutions ».


Ne pas lever le pied

Sur le terrain, tous sont conscients que demain, il faudra faire avec moins de phytos. « C'est une évidence, alors autant s'y préparer dès à présent, souligne Guy Tisseur, directeur commercial chez Euréa (42). Les solutions alternatives, de plus en plus demandées par les agriculteurs, sont une option pour réduire leurs usages. Nous devons apprendre à les utiliser au mieux ». Les distributeurs ont trois ans pour entraîner leurs équipes et trouver les solutions adaptées à chaque contexte.

« Les situations sont effectivement très hétérogènes, confirme François Gibon, directeur du Naca. Certaines entreprises ont déjà en tête l'objectif 2021 avec la mise en place d'actions pluriannuelles, notamment en matière de machinisme. D'autres attendent que le nombre de fiches actions grossisse ».

2017 a servi de test. La méthodologie et le process de validation des fiches actions sont désormais calés, les objectifs à atteindre, connus. Reste à passer à la vitesse supérieure. « Nous avons de bons espoirs pour que tout s'accélère en 2018, indique Damien Mathon, délégué général de la FNA. Nos échanges avec la commission d'évaluation sont permanents. L'objectif est de multiplier le nombre de fiches validées pour ne pas ralentir la dynamique engagée chez certains. Dans tous les cas, je déconseille de lever le pied car en 2021, nous n'aurons pas d'autre choix que d'appliquer la réglementation. Il faudra être prêt. »


Et si les CEPP disparaissaient ?

L'annonce du gouvernement de séparer, à terme, au sein d'une même entreprise, le conseil de la vente des phytos pose question. Certains se demandent si les CEPP seront préservés. « Le dossier CEPP est un investissement en temps et en personnel. Alors si c'est pour faire marche arrière ensuite, non, confie un négoce de Lorraine. Nous préférons pour l'heure jouer la carte de l'attentisme ». Pour Damien Mathon, « ce serait une erreur de parier sur leur possible disparition. C'est une option, certes, mais ils peuvent aussi conserver leur place dans un dispositif où rien n'est encore écrit ! Avec Coop de France, nous travaillons d'ailleurs de concert pour formaliser rapidement, d'ici à la fin du mois, une proposition que nous soumettrons au gouvernement pour voir comment il est possible d'articuler séparation conseil et vente, sans  »casser«  les entreprises en deux ». Car pour s'adapter, le monde agricole a besoin de visibilité, avec des règles du jeu claires et stables.


Rappels :

- Objectif pour le distributeur : Obtenir entre le 1er janvier 2021 et le 31 décembre 2021 des CEPP à hauteur de 20 % de son Nodu historique, calculé sur la période 2011-2015.

- Les fiches actions, au nombre de 28 à ce jour, génèrent un certain nombre de CEPP.

- Pour obtenir les CEPP, le distributeur doit déclarer les actions mises en œuvre sur une plateforme en ligne. Et conserver des preuves : factures de ventes, de formations, attestations sur l'honneur…