Cérésia : une taille critique pour répondre rapidement au changement de modèle
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Avec 600 M€ de chiffre d’affaires, la nouvelle coopérative du Grand-Est Cérésia, issue de la fusion entre Acolyance et Céréna fin 2018, atteint désormais une taille suffisante pour porter des projets à l’échelle régionale. Dans un environnement de la distribution en plein bouleversement, Antoine Hacard, président de cette nouvelle entité, présente les projets de la coopérative pour sécuriser l’avenir de ses adhérents.
Référence-appro.com : Pourquoi avoir engagé le rapprochement entre Céréna et Acolyance ?
Antoine Hacard : Céréna et Acolyance possédaient un modèle économique très proche, où 85 % du chiffre d’affaires groupe dépendaient de celui de la coopérative. Les deux structures étaient en bonne santé financière. Chacune maintenait ses parts de marché, mais nous sentions des menaces arriver sur les métiers de l’appro-collecte. Des craintes confirmées avec la future séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires, la mutation et la diversification fortes des exploitations agricoles. Pendant 30 ans, nous avons eu une grande unicité de modèle qui est en train d’exploser. Nous essayons de répondre à cette diversité de situations en mutualisant nos outils, nos ressources et nos compétences, pour apporter des solutions à nos adhérents. Nous sommes complémentaires, de par nos territoires et de par notre vision commune de l’agriculture. Cette vision commune, c’est une agriculture qui répond aux attentes sociétales, réglementaires et qui permet à nos adhérents de continuer à produire en intégrant dans leurs systèmes l’innovation et les solutions alternatives.
R.A. : Comment est organisée la nouvelle coopérative ?
A.H. : Cérèsia est organisée en cinq régions, politiques et opérationnelles. Chacune pèsera pour environ 300 000 tonnes de collecte. Nous avons préféré conserver un nombre de régions limité en mettant les moyens humains et techniques qui répondent à la proximité et à la réactivité attendues par nos adhérents. Le rapprochement n’engendre aucun licenciement. Pascal Bailleul assure la direction générale. Fabrice Naude, l’ancien dirigeant de Céréna, prend la fonction de directeur général adjoint en charge des solutions agricoles.
R.A. : Quelles sont les priorités d’investissement ?
A.H. : Nous n’avons pas vocation à nous développer à l’international. Nous réaliserons nos investissements localement, pour fixer la valeur ajoutée sur notre territoire. Cela concernera la méthanisation, la diversification des productions, les nouvelles technologies, le numérique, mais aussi la digitalisation de la coopérative. Le bio est aussi l’une de nos priorités. Sur ce marché, nous souhaitons acquérir une position de leader, au moins sur le Nord-Est de la France. Pour l’activité collecte, nous allons bien sûr travailler à la baisse des coûts d’intermédiation.
R.A. : Quelle sera votre stratégie pour la séparation de la vente et du conseil ?
A.H. : Il est encore trop tôt pour se positionner. Nous attendons la publication des décrets. Depuis cinq ans, nous avons mis en place un système de facturation séparé pour la vente et le conseil des produits. La coopérative a également développé les outils d’aide à la décision pour que nos adhérents optimisent l’usage des intrants. Aujourd’hui, l’activité appro est une partie importante de l’activité des coopératives, si nous abandonnons la vente des produits phytosanitaires qui s’en chargera ? Par ailleurs, comment assurer la traçabilité des productions et la mise en place de contrats spécifiques comme les contrats de filière sans un conseil approprié sur les itinéraires culturaux ? Autant de questions sur lesquelles nous travaillons, avec d’autres coopératives, afin de trouver des réponses à ces questions.
Cérésia en chiffres
• 4 400 agriculteurs-coopérateurs
• 600 collaborateurs
• 600 M€ CA (3è du Grand-Est derrière et Vivescia et Soufflet, et dans le top 10 national)
• 1,8 Mt de collecte dont 15 000 t en bio
• 5 régions
• 165 conseillers de région