Comparateuragricole.com veut changer les codes de l’appro-collecte
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Ils possèdent l'agrément OS et pourtant, n'ont pas de silo, ni de plateforme de stockage et encore moins une flotte de camions. L'équipe de la plateforme en ligne comparateuragricole.com a présenté son ambition de devenir le premier négoce de matières agricoles en ligne, mardi 10 janvier à Paris. « Le modèle actuel est à bout de souffle », estime Pierre-Antoine Foreau, fondateur et président de Biagri, l'entreprise à l'origine de la plateforme. Cette dernière commercialise les céréales (blé, orge, colza, maïs) d'agriculteurs stockant à la ferme. Lancée d'abord sur trois départements de la région Centre, elle s'étend depuis décembre à toute la France. La force de ce modèle ? Garantir le meilleur prix en optimisant la logistique à l'aide d'un algorithme. « En indiquant son code postal, l'agriculteur obtient un unique prix départ ferme 100 % transparent, assure Pierre-Antoine Foreau. Sur des secteurs où la concurrence est faible, on parvient rapidement à être plus compétitif de 10 voire 20 € par tonne de céréales vendues. »
Des distributeurs clients et prospecteurs
Sur la vingtaine d'acheteurs de grains, un tiers sont des négoces ou filiales de coopératives. La vente est complètement anonyme et certains distributeurs n'hésitent pas à aller prospecter des territoires voisins. « Ce qui gène, c'est de donner un prix transparent parfois complètement décorrélé de ceux d'OS », avoue Pierre-Antoine Foreau. L'entreprise compte commercialiser 50 000 tonnes de céréales sur la collecte 2017. Elle estime à au moins 20 Mt le volume de céréales stockées chez près de 120 000 agriculteurs. « Si nous arrivons à 3 % du marché, ce serait très bien », estime Vincent Guilhem de Pothuau, directeur général de Biagri.
La vente d'engrais en direct
Comparateuragricole.com commercialise également des engrais, aussi bien minéraux qu'organiques. 3000 tonnes ont été vendues depuis juin. L'entreprise négocie en direct avec une dizaine de fabricants. Là encore, l'algorithme calcule pour l'agriculteur un prix optimal rendu exploitation et non pas rendu Rouen. « On a même réussi à vendre des engrais à un négoce », indique, non sans satisfaction, Vincent Guilhem de Pothuau. Il précise « réfléchir » aux phytos, sans pour autant entrer pour l’instant sur ce marché. Réglementation oblige. Cette nouvelle forme de mise en marché vient bousculer les pratiques, avec des frais fixes minimaux. Un positionnement via le numérique dont l’enjeu n’échappe pas à la distribution classique.
Photo : Pierre-Antoine Foreau et Vincent Guilhem de Pothuau.