Congrès du Négoce agricole Centre-Atlantique : préparer l’avenir en tenant compte des difficultés actuelles
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Vendredi 4 juin, se tenait à Bressuire (79) le 26e congrès du Négoce agricole Centre-Atlantique. Plus de 300 personnes avaient répondu à l’invitation du directeur Jean-Guy Valette qui, pour l’occasion, animait une table ronde placée sous le signe de « la régulation et du libéralisme dans le monde agricole ». Economiste, juriste, chercheur et politique ont tour à tour exposé leur point de vue. Il fut beaucoup question de contrats, de spéculation, de volatilité des prix… et de LMA. Cette fameuse loi de modernisation de l’agriculture en a pris pour son grade. « Une coquille vide » pour l’un. Un « contenu décevant » pour l’autre.
Autre thème prospectif abordé : le métier d’agriculteur, et de négoce, de demain. « Les agriculteurs ont besoin de visibilité pour investir, produire, innover, transmettre, soulignait Alain Le Boulanger du CER Normandie. Dans ce contexte, les contrats possèdent un vrai intérêt. Il ne faut pas en avoir peur ». A.G.
Photo : de g à d. Jean-Marie Gilardeau, de la faculté de droit de Poitiers, Jean-Marc Boussard, ancien chercheur à l’Inra, Stéphane Le Foll, député européen et Alain Le Boulanger, du CER Normandie.
Photo de droite : Jean-Guy Valette, directeur du Négoce Agricole Centre-Atlantique.
Morceaux choisis des interventions
Pour Jean-Marie Gilardeau, maître de conférence à la faculté de droit de Poitiers, « le contrat peut être le support du libéralisme à condition que les règles de ce contrat soient respectées ». Après avoir retracé les différentes politiques agricoles françaises et européennes depuis 1960, il s’est intéressé à donner sa vision sur ce qu’elles pourraient être à l’horizon 2013-2020. « A n’en pas douter, l’accent sera mis sur la justification des aides perçues par les agriculteurs. Une nouvelle relation va se créer entre les agriculteurs et les collectivités territoriales. Le monde agricole ne devra plus seulement produire de la nourriture mais aussi entretenir la biodiversité, gérer la qualité de l’eau, produire des énergies renouvelables… Le métier d’agriculteur va changer. A vous, négoces de vous organiser pour les accompagner dans cette nouvelle mission ».
Alain Le Boulanger, responsable des études économiques au CER France Normandie
« Les contrats sont avant tout des lieux de négociation entre deux acteurs économiques. Pour un agriculteur, il est capital de connaître ses coûts de production avant de s’engager sur un prix. Car un contrat, c’est avant tout l’assurance d’un revenu minimum ». Pour lui, « la libéralisation va dans le sens de l’histoire mais il me paraît difficile de libéraliser un marché à l’échelle européenne et en parallèle, de bâtir des contrats purement français. De même, la régulation sur des produits indifférenciés n’a aucun sens à l’échelle française. Autant, il s’avère pertinent de réguler le Comté, un produit purement français, mais pas la poudre de lait. L’idée est donc de mixer un interventionnisme souple et une contractualisation ».
Stéphane Le Foll, député européen
« Demain, l’agriculture devra répondre à deux défis : le défi alimentaire face à une population grandissante et le défi de l’environnement. L’agriculture peut être une réponse aux problèmes environnementaux à condition d’aborder le problème différemment. Après 2013, la politique agricole devra s’orienter vers une régulation des marchés, un maintien des handicaps naturels et une rémunération des services publics rendus par l’agriculture. Ces derniers devront toutefois être déconnectés des prix des produits agricoles sous peine de voir le prix des aliments augmenter : renforçant dès lors les disparités entre pays. Défendre la Pac revient à défendre l’image de l’Europe dans son ensemble. Il me paraît important de le faire ».