Conseil agricole : quelle stratégie prévaut en Angleterre et au Danemark ?
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À l’occasion d’une séance dédiée, le 6 avril, au conseil agricole, l’Académie d’agriculture a présenté les voies choisies par les agriculteurs anglais et danois pour se faire conseiller. Si le conseil peut être séparé de la vente des produits phytosanitaires, ce n’est pas toujours le cas. En Angleterre, c’est à l’agriculteur de choisir. Au Danemark, l’état contrôle chaque action des exploitations via de lourds rapports.
« Tout comme en France, l’enjeu, en Angleterre et au Danemark, est de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. Mais pas seulement, insiste Jérémy Macklin, directeur innovation et technologie chez HL Hutchinson, une société dédiée au conseil agricole, lors d’une présentation,
. Alors qu’en Angleterre, l’objectif est de réduire l’impact de ces spécialités sur la biodiversité, au Danemark, la préservation de la qualité des eaux souterraines reste une priorité. Ceci passe aussi par la formation des agriculteurs et des techniciens amenés à prodiguer des conseils. »Conseil et/ou vente : les agriculteurs anglais ont le choix
En Angleterre, l’agriculteur choisit son conseiller - il peut en avoir deux ou trois - et la méthode du conseil : séparé ou non de la vente des produits phytosanitaires. « En effet, les conseillers, embauchés à 65 % par les distributeurs, peuvent apporter ce conseil seul ou via un package contenant des produits : cette dernière option reste la plus sollicitée », poursuit Jérémy Macklin. Le conseiller doit apporter une vision à 5 ou 10 ans pour l’exploitation en détaillant les rotations, les produits nécessaires pour atteindre les objectifs de rendement, la capacité du sol à capter le carbone…
« Par ailleurs, tout apport, de pesticides ou d’engrais, doit être justifié via une recommandation écrite, réalisée par une personne qualifiée : c’est-à-dire possédant le document officiel « Basis » pour les pesticides et « Facts » pour les engrais, précise-t-il. Cette préconisation doit être archivée et présentée en cas de contrôle des services de l’État. Tout manquement peut faire perdre la totalité des aides gouvernementales. »
Au Danemark, pas de rapport, pas d’aides !
Au Danemark, chaque exploitation dispose d’un plan annuel répertoriant les applications d’engrais ou de produits phytosanitaires. « Les produits utilisés, les doses, la météo y sont précisés, insiste Jérémy Macklin. Toute évolution par rapport aux préconisations initiales doit être justifiée et enregistrée dans les trois jours après l’application. En parallèle, chaque agriculteur doit préparer un rapport annuel pour l’usage des engrais : un document de 155 pages pour les engrais minéraux, 100 pages pour le recours aux fumiers. Toute erreur engendre des pertes d’aides ! »
Pour se faire épauler, les agriculteurs se tournent le plus souvent vers les conseillers des syndicats agricoles, car ces derniers bénéficient d’une politique d’assurance pour rembourser toute perte d’aides si le plan n’a pas été suivi. « Au Danemark, le partage des responsabilités est clair entre les agriculteurs, les agronomes et les syndicats », pointe-t-il. Les conseillers sont presque aussi nombreux chez les distributeurs (250) qu’au sein des syndicats agricoles (300). Dans ce pays, le conseil n’est pas séparé de la vente, mais le gouvernement contrôle les pratiques de chaque agriculteur via d’épais rapports.
Pression sanitaire et climat, déterminants pour le conseil agricole
En conclusion, Jérémy Macklin insiste sur le fait que les conditions météo et la pression sanitaire restent deux éléments déterminants pour réduire les volumes d’usage des pesticides. L’Angleterre et le Danemark en sont conscients. Quant au choix de la séparation du conseil et de la vente, aucune obligation, ni du côté des agriculteurs, ni du côté des conseillers. Pour autant, cela n’empêche pas le gouvernement de travailler sur d’autres sujets comme la certification des conseillers, la qualité de l’application des produits ou le respect des doses.