Conseil : chambres d'agriculture et coopératives veulent insuffler un changement de posture
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Si les agriculteurs doivent modifier leurs pratiques, le conseil doit aussi évoluer ! C’est ce qu’ont martelé les chambres d’agriculture de Bretagne le 29 novembre lors d’un colloque intitulé « Vers des systèmes de culture agroécologiques », à Rennes.
Or, le changement de posture des conseillers se révèle parfois aussi difficile que celui des agriculteurs. Il nécessite un déclic, une prise de conscience. Cécile Goupille, conseillère à la Chambre d’agriculture de Bretagne, estime que la formation qu’elle a suivie sur l’animation d’un groupe dans la durée a été ce révélateur : « Elle a mis en avant le rôle de facilitateur du conseiller, l’importance de la préparation des visites et de l’écoute. »
La formation, un levier majeur
Sa collègue, Clarisse Boisselier, s’est longtemps demandé pourquoi les agriculteurs ne changeaient pas, malgré les préconisations prodiguées et leur motivation. Un sentiment d’échec, levé également par une formation. « J’ai compris que nous devions analyser les freins au changement ainsi que les projets de l’agriculteur », explique-t-elle. Ce qui nécessite d’avoir aussi une vision globale : « Avant, je me focalisais sur les cultures. J’ai été surprise d’apprendre que certains agriculteurs étaient prêts à perdre des quintaux en production végétale parce qu’ils tirent leurs revenus du lait. On ne peut préconiser la même chose partout. Désormais, je ne fais plus de conseil, mais je questionne ! »
Invité également à débattre du sujet, la coopérative LE GOUESSANT, spécialisée dans l’alimentation animale, a témoigné de son engagement dans l’évolution du conseil. En 2011, Pierrick Sorgniard, responsable agro-environnement à la coopérative, a incité les dirigeants à former un groupe Dephy dans le cadre du plan Écophyto. Des diagnostics de l’aménagement des parcelles ont ainsi été réalisés sur chaque exploitation avec une étudiante de l’Agro de Rennes.
« Alimenter une culture commune dans la coopérative »
« Au-delà de la réduction des intrants, cela a permis de mettre un autre sujet sur la table que nous connaissions peu : la biodiversité, explique-t-il. Le conseil est beaucoup plus large que la prescription phytosanitaire. » Pour Pierrick Sorgniard, les réseaux Dephy sont un excellent outil de mobilisation des équipes. « Chaque conseiller a eu à animer des ateliers et à s’impliquer dans le projet, poursuit-il. Parfait pour s’imprégner des concepts de l’agroécologie et alimenter une culture commune dans l’entreprise. Hier, les technico-commerciaux disaient ce qu’il fallait faire. Aujourd’hui, ils ont pris conscience qu’il faut être dans une écoute permanente des besoins et des projets de l’agriculteur. »
Est-ce que la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires va mettre à néant les efforts de la coopérative ? Pierrick Sorgniard livre son avis personnel : « Si nous en sommes arrivés là, c’est peut-être que quelque chose n’a pas fonctionné, analyse-t-il. Aujourd’hui, la société nous demande des comptes, recherche de la sécurité, et nous devons y répondre. Il y a surtout une méconnaissance de notre métier. »